Le taux de chômage des jeunes en Chine atteint des niveaux records.
Face au déshonneur que cela représente dans le pays, beaucoup n’hésitent pas à payer pour accéder à un emploi fictif, et ainsi rassurer leur entourage.
Une équipe de TF1 s’est rendue dans l’une de ces entreprises, à Qinhuangdao.

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LE WE 20H

Échapper au chômage… à tout prix. En Chine, la pression sociale est telle que certains mentent à leur famille. Nombreux sont les chômeurs se réfugiant dans les cafés ou les bibliothèques aux heures de bureau. « J’ai un ami qui a perdu son travail. Il ne l’a pas dit à sa famille. Il passe ses journées à la bibliothèque », indique un Chinois dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Alors que le pays s’efforce de relancer une économie en perte de vitesse, le taux de chômage s’élève à près de 16% chez les jeunes de 16 à 24 ans. En août, il a atteint 18,8 %, son plus haut niveau depuis le début de l’année 2024, selon les chiffres publiés par le Bureau national des statistiques (BNS).

L’entreprise a été créée pour que les jeunes puissent flâner aux heures de travail

Koril Kan, fondateur de l’entreprise « Faites semblant de travailler »

Dans ce contexte, rassurer ses parents est récemment devenu un business. Basée dans la ville chinoise de Qinhuangdao, l’entreprise « Faites semblant de travailler » l’a bien compris. Stylo à la main, son fondateur Koril Kan liste sur un tableau les noms de ses employés… et de leurs postes fictifs. Au sein de ces murs, chacun choisit le travail qu’il souhaite exercer. « Vous pouvez être ambassadrice ou représentante du bureau français de l’entreprise. Tout est possible », se réjouit-il, arborant un large sourire. 

L’unique mission de la journée pour ces travailleurs fictifs ? Cocher leur case à la date correspondante lorsqu’ils sont présents au bureau. Dans la salle silencieuse, l’une des employées joue à un jeu sur son smartphone. « Mon entreprise n’a pas d’activité précise. Elle a été créée pour que les jeunes puissent flâner aux heures de travail. S’ils se sentent fatigués par le boulot, ils peuvent venir se reposer », explique Koril Kan, dans le reportage de TF1 ci-dessus. 

La dizaine de personnes ayant rejoint l’entreprise doit payer un peu moins de quatre euros par jour afin d’accéder au bureau. Parmi elles, Chris Bai. Le jeune homme n’a pas travaillé depuis la fin de ses études en art il y a deux ans. « Ma famille voulait que je trouve un emploi. J’ai vu qu’il n’y avait pas de pression et pas de concurrence dans cette entreprise. Alors, je me suis dit que ça serait idéal de rester ici », témoigne le jeune travailleur fictif, avant de souligner : « Mes parents pensent que j’ai un travail maintenant ». 

Un phénomène qui va parfois plus loin qu’une simple couverture. Certaines sociétés proposent un forfait donnant droit… à un salaire. D’après une annonce que TF1 a pu consulter, la société chinoise en question propose, en échange d’un paiement équivalent à 500 euros par mois, un emploi fictif de manager, un salaire de 326 euros, ou encore la prise en charge des cotisations sociales. Une astuce visant à conserver ses droits, un travailleur chinois perdant sa couverture sociale à partir d’un mois sans emploi. 


M.T | Reportage Louise Malnoy et Marine Zambrano

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