Altice France, le groupe de Patrick Drahi, ne va pas vendre l’intégralité de ses chaînes de télévision à CMA CGM. Alors que BFM-TV, BFM Business, BFM Régions, RMC Découverte et RMC Story seront reprises dans les prochains mois par l’armateur de la famille Saadé, une fois les autorisations réglementaires obtenues, selon l’accord dévoilé le 15 mars, RMC Sport restera dans le giron d’Altice France.

Cette exception, évoquée par L’Equipe le 16 mars, s’explique par l’importance de cette chaîne pour SFR, l’opérateur télécoms de Patrick Drahi. Créé en 2016, RMC Sport sert avant tout d’appât commercial pour gagner des abonnés à la téléphonie mobile (4G/5G) et au fixe (ADSL, fibre optique), ou éviter qu’ils ne partent chez un opérateur concurrent. « Recruter, gérer, facturer, conserver des clients de télévision payante s’apparente à un métier d’opérateur télécoms et cela demande des outils de service clients importants », développe la direction d’Altice, en réponse à un article de La Lettre.

Le groupe n’a jamais donné de chiffres officiels, mais RMC Sport compterait environ un million de clients, dont une très grande partie venant de chez SFR. Un parc important au regard des 20 millions d’abonnés mobile et aux 6,4 millions dans le fixe que compte l’opérateur. « Beaucoup de clients disposent de ces chaînes embarquées dans leur abonnement (…).  Notre enjeu est de préserver notre part, d’éviter que nous ayons un churn [taux de désabonnement] qui serait lié au fait que la chaîne s’arrête sans que nous maîtrisions le calendrier », a reconnu Benjamin Haziza, le directeur financier d’Altice France, le 19 mars, lors d’un comité social et économique.

L’atout de la MMA

Si RMC Sport venait à s’arrêter, les clients SFR qui ont la chaîne dans leur forfait se retrouveraient immédiatement libérés de tous leurs engagements auprès de l’opérateur et pourraient donc partir gratuitement à la concurrence. Un risque de fuite que l’opérateur souhaite éviter alors qu’il perd des abonnés chaque trimestre depuis un an et demi.

En gardant RMC Sport dans son giron, SFR continuera de s’occuper des achats de droits sportifs et de contenus, de la gestion de l’interface technique et de la vente de la chaîne à ses abonnés. En revanche, la production audiovisuelle ira chez CMA CGM, qui revendra ensuite cette prestation de service à SFR. Une licence de marque versée au nouveau propriétaire, à un prix encore non arrêté, permettra au groupe de Patrick Drahi de continuer à utiliser le nom RMC.

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En 2017, pour s’imposer dans le paysage, RMC Sport s’était offert, pour 350 millions d’euros, trois saisons de la Ligue des champions de football en exclusivité. En 2020, elle avait signé un accord avec Canal+ pour diffuser une partie des matchs. Mais Altice France n’a jamais réussi à rentabiliser cet investissement. Depuis sa création, Sportsco TV, la filiale qui édite RMC Sport, a accumulé près de 900 millions d’euros de pertes, selon les données publiées au greffe du tribunal de commerce. « Nous aurions aimé pouvoir commercialiser RMC Sport auprès d’autres opérateurs pour minimiser le niveau des pertes. La réalité est que nous ne sommes pas parvenus à trouver un accord », a regretté Benjamin Haziza devant les représentants du personnel. RMC Sport était ainsi inaccessible directement via les box d’Orange, de Bouygues Telecom et de Free.

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