Palme d’or du 77ᵉ Festival de Cannes, « Anora » de Sean Baker sort ce mercredi dans toute la France.
Ou l’histoire d’une stripteaseuse de New York qui fait la rencontre du fils immature d’un oligarque russe.
Ce film épatant, qui casse les codes de la comédie romantique, révèle une brillante comédienne, Mikey Madison.

L’heure est venue de découvrir Anora, la Palme d’or du 77ᵉ Festival de Cannes. Après Anatomie d’une chute de la Française Justine Triet l’an dernier, le jury présidé par Greta Gerwig a craqué pour cette comédie noire, à la fois burlesque et cruelle, dans laquelle le réalisateur américain Sean Baker met en scène la romance inattendue entre une stripteaseuse de Manhattan et le fils d’un oligarque russe. Une petite merveille que TF1info vous encourage à découvrir à partir de ce mercredi dans une salle obscure près de chez vous…

Pour son intrigue imprévisible

Tout commence comme une version hardcore de Pretty Woman. Dans le strip-club où elle se déhanche chaque soir pour une poignée de dollars, Anora « Ani » Mikheeva, une stripteaseuse d’origine ouzbek, est envoyée faire la conversation avec Ivan, un client russe à peine sorti de l’adolescence. Le courant passe et la voilà invitée dans la splendide demeure du garçon qui se révèle être le fils d’un oligarque. Entre deux parties de jambes en l’air, Ivan propose à Ani de partir pour Las Vegas… et de l’épouser. Le début d’un conte de fées ? Malin, Sean Baker casse soudain les codes de la comédie romantique et fait basculer son intrigue dans l’univers du film noir lorsque les hommes de main de papa frappent à la porte. On se marre, on tremble, on se marre encore et on verse quelques larmes au bout de ce roller-coaster d’émotions fortes qui rappelle par instants le cultissime Uncut Gems des frères Safdie.

Pour son réalisateur intrépide

À 53 ans, Sean Baker a construit toute sa carrière loin de Hollywood . Depuis le début des années 2000, le cinéma de ce natif du New Jersey se fait le porte-voix d’une Amérique en marge qui lutte contre un déclassement économique et social inexorable. Après Tangerine, The Florida Project et Red Rocket, Anora est le quatrième film qu’il consacre aux travailleurs du sexe. Avec la volonté de raconter leur quotidien avec réalisme, loin des clichés, sans jamais basculer dans une dénonciation sordide toutefois. À la fois réalisateur, scénariste et monteur, ce fervent défenseur du cinéma en salles refuse de céder aux sirènes des plateformes, qui ont digéré plus d’un jeune talent ces dernières années. Et il a eu raison. Après son triomphe à Cannes, Anora figure parmi les outsiders de la prochaine cérémonie des Oscars.

Pour sa fantastique révélation

Qui se rappelle de Mikey Madison dans Once upon a time in… Hollywood ? Devant la caméra de Quentin Tarantino, cette comédienne californienne incarnait l’une des disciples de Charles Manson, éclipsée par les superstars Leonardo DiCaprio et Brad Pitt. Elle a pourtant tapé dans l’œil de Sean Baker qui lui a proposé d’en faire la vedette de son prochain film, avant d’écrire la moindre ligne. Un an plus tard, il lui a présenté le scénario de Anora. Mais c’est ensemble qu’ils ont conçu son intrépide héroïne. Tour à tour sensuelle, touchante, révoltée et bouleversante, elle fait corps avec un personnage plus complexe qu’on pouvait le croire au départ. Et qu’on abandonne à regret à la fin de la projection. La naissance d’une grande, c’est certain.

>> Anora de Sean Baker. Avec Mikey Madison, Mark Eydelshteyn, Yuriy Borisov. 2h19. En salles mercredi


Jérôme VERMELIN

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