Une douzaine de dirigeants européens, dont Volodymyr Zelensky, se réunissent ce dimanche à Londres.
Moins de deux jours après l’altercation à la Maison Blanche entre le président ukrainien et Donald Trump, les alliés de Kiev doivent réinventer leur stratégie.
Au cœur des discussions, les moyens accordés à Kiev pour parvenir à la paix.
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Le clash Donald Trump-Volodymyr Zelensky, un tournant dans la guerre en Ukraine ?
Le rendez-vous a pris une importance cruciale. Londres accueille, dimanche 2 mars, un sommet européen dédié à la guerre en Ukraine. Une visite lors de laquelle le président Ukrainien, Volodymyr Zelensky, vient chercher des avancées concrètes avant de repartir à Kiev.
Pour ces discussions, la France sera représentée par Emmanuel Macron, et les représentants de l’Allemagne, de l’Italie, des Pays-Bas, de l’Espagne, du Danemark, de la Finlande, de la Suède, de la République tchèque, de la Pologne et de la Roumanie feront le déplacement. Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se joindront aussi aux discussions, tout comme la Turquie.
Intensifier l’aide pour combattre la Russie
S’il était prévu bien avant la visite de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche vendredi, le sommet de Londres revêt désormais une importance capitale après le clash initié par Donald Trump et son vice-président J.D. Vance avec le président ukrainien. Ce dernier, venur signer un accord sur les minerais ukrainiens, s’est en réalité fait vertement sermonné par Donald Trump, qui est allé jusqu’à le menacer de le « laisser tomber », arguant qu’il n’avait aucune carte en main pour négocier la paix avec Vladimir Poutine. L’empoignade verbale a entraîné la fin prématurée de l’entretien entre les deux dirigeants.
Depuis, la plupart des dirigeants européens ont tenu à faire bloc derrière Kiev. « Vous ne serez jamais seul. Soyez forts, soyez courageux, n’ayez pas peur », ont par exemple répété les présidents de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Conseil européen Antonio Costa. Emmanuel Macron a rappelé qu’il fallait « respecter ceux qui depuis le début se battent parce qu’ils se battent pour leur dignité, leur indépendance, pour leurs enfants et pour la sécurité de l’Europe ».
Mais il est désormais temps de passer de la parole aux actes, d’oublier les symboles pour entrer dans une phase plus concrète. C’est la mission du sommet organisé en format restreint par le Premier ministre britannique Keir Starmer. Les pourparlers se concentreront à Lancaster House autour d’une question claire : comment continuer à faire face à Moscou sans les États-Unis, qui ont accordé en trois ans 64 milliards d’euros d’aide militaire, selon les chiffres officiels ? L’hypothèse pourrait se concrétiser rapidement et l’Europe veut s’y préparer.
L’envoi de troupes, une question toujours en suspens
En imaginant différents scénarios, chaque pays participant devra redire dans quelle mesure il peut aider l’Ukraine, que ce soit au niveau de l’armement ou des dons financiers. La ministre des Affaires étrangères allemande a même jugé urgent ce samedi d’assouplir les règles budgétaires pour soutenir davantage l’Ukraine. Elle demande donc « plus de flexibilité dans le Pacte de stabilité et de croissance » de l’UE et une « réforme fondamentale du frein à l’endettement ».
La question de l’envoi des troupes sera aussi sur la table, alors que mi-février, le Royaume-Uni s’est dit prêt à envoyer des soldats « si nécessaire ». De son côté, Berlin s’est dit ouvert à cette hypothèse mais seulement si une zone démilitarisée est mise en place. Les troupes seraient présentes pour garantir un éventuel cessez-le-feu, plutôt que pour combattre.
Enfin, Emmanuel Macron s’est dit prêt vendredi à « ouvrir la discussion » sur la dissuasion nucléaire européenne, après une demande en ce sens du futur chancelier allemand Friedrich Merz. Actuellement, seuls la France et le Royaume-Uni sont des puissances nucléaires en Europe mais « si les collègues veulent avancer vers une plus grande autonomie et des capacités de dissuasion, alors nous devrons ouvrir cette discussion très profondément stratégique », a assuré le locataire de l’Élysée, interrogé par des journalistes au Portugal, où il était en visite d’État.
Kiev, de son côté, veut croire à un sursaut de l’Europe après la séquence historique du clash dans le Bureau ovale. Une source au sein de la présidence ukrainienne a assuré à l’AFP qu’« une nouvelle alliance avec les pays européens protégera la liberté, la démocratie et les valeurs que nous partageons ». Cependant, Volodymyr Zelensky ne semble pas vouloir abandonner de sitôt sa relation avec Donald Trump, dont il a qualifié le soutien de « crucial » ce samedi.
La réunion dominicale devrait poser les bases d’une nouvelle étape dans la riposte face à Moscou mais un sommet européen spécial consacré à l’Ukraine est d’ores et déjà prévu le 6 mars, convoqué par le président du Conseil européen Antonio Costa.