Deux détails dans l’épisode du bref mais fatidique sommet Trump-Poutine en Alaska vendredi 15 août méritent d’être relevés tant ils éclairent l’état d’esprit des deux protagonistes et le basculement géopolitique qui est en train de s’opérer dans la foulée : le sweat-shirt du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à son arrivée à Anchorage, et la manière dont le président Donald Trump s’adresse à son homologue russe en l’appelant par son prénom, « Vladimir ».

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Le fait que M. Lavrov ait choisi d’arborer sur son sweat-shirt de voyage les initiales en cyrillique de l’Union soviétique peut être une façon de rappeler à l’Ukraine qu’elle a, jusqu’à 1991, appartenu à l’Union des quinze républiques soviétiques dominée par la Russie – ce que, à vrai dire, la guerre menée par Moscou depuis 2014 lui rappelle tous les jours. En fait, ce choix est surtout une manifestation de la nostalgie des grands sommets soviéto-américains, à l’époque où Moscou et Washington régnaient sur un monde bipolaire. MM. Lavrov et Poutine ont été façonnés par cette époque, le premier comme diplomate, le second comme officier du KGB. Le sommet en Alaska était une chance de la revivre. Donald Trump la leur a offerte, au moins en images.

Deuxième détail, le président américain donne du « Vladimir » à M. Poutine, mais il n’appelle jamais son homologue ukrainien « Volodymyr » ; il dit « le président Zelensky ». Par interview interposée, il conseille à ce dernier d’accepter le « deal » que serait prêt à lui proposer M. Poutine car, ajoute-t-il, « la Russie est une grande puissance », ce que l’Ukraine « n’est pas ». Dans ce raccourci, tout est dit. Dans le monde trumpien, les petits doivent s’incliner devant les grands. Et lorsqu’un grand agresse un petit, c’est la faute du petit : M. Trump continue, contre toute évidence, d’accuser l’Ukraine d’avoir commencé la guerre avec la Russie.

Un revirement

Que peut-on, dans ces conditions, espérer de l’entretien que M. Zelensky doit avoir avec le président Trump lundi à Washington ? L’enjeu est à la fois capital et irréel, tant les termes de la négociation qui pourrait se profiler dans le sillage des entretiens d’Anchorage sont ambigus. Soucieux de ne sacrifier aucune chance de mettre fin à la guerre qui ravage son pays, le président ukrainien a pris son courage à deux mains pour rencontrer celui qui lui a infligé, le 28 février, dans le bureau Ovale, une humiliation inédite en mondovision. Il joue gros et n’avait une chance de réussir que s’il s’y rendait comme représentant des Européens.

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