Retrouvez ici toutes les lettres de Sasha et d’Olga

Kyiv, le 25 juin 2025,

Chères lectrices, chers lecteurs,

J’écris cette lettre à l’aube, c’est mon rituel. Le matin est très frais et il n’y a pas de forte chaleur, cette année. Tant mieux, nous pouvons dormir, il nous reste si peu de temps à consacrer au sommeil : depuis des semaines, dormir est un privilège. La russie [Olga et Sasha ont choisi de ne pas mettre de majuscule à « russe », « russie » et « poutine »] lance des centaines de drones et de missiles sur nos villes et nos villages. Et même quand il n’y a pas d’attaque sur Kyiv [Kiev en ukrainien] on a du mal à s’endormir à cause des informations : l’armée russe avance sur le front, les Etats-Unis perdent toute crédibilité avec leur président, l’Iran et Israël sont en guerre. Les morts, les blessés, les missiles, tout se multiplie partout…

Ici, nous ne parlons plus d’une victoire de l’Ukraine, nous ne pensons qu’à survivre. Survivre aux bombardements de la nuit alors que, pendant des heures, nous entendons le bruit des drones, des armes automatiques de la défense antiaérienne, et ressentons les vibrations des explosions de missiles. Comme dans la nuit de dimanche à lundi : 352 drones, 11 missiles balistiques, 5 missiles à longue portée ont été lancés sur l’Ukraine. La plupart sur Kyiv. Neuf personnes sont mortes. Une semaine avant, le 18 juin, un missile avait ciblé un immeuble, tuant 23 personnes.

Les chiffres ne me touchent plus, c’est mon corps et ma conscience qui me font comprendre que je suis touchée. Mon cou est coincé, je me sens épuisée, je n’ai aucune volonté, j’agis de façon mécanique. Le délai entre les attaques est si court que je n’arrive pas à me reprendre. Seuls [mon compagnon] Dima et [mon fils] Marian m’apaisent, ou maman quand elle vient nous voir, ou Olga lorsqu’elle m’envoie des vidéos de son fils Zakary à la plage.

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