
Après un été marqué par une vague de chaleur et des incendies historiques, le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a appelé, lundi 1er septembre, à l’unité nationale face à « l’urgence climatique », faisant de la prévention des feux de forêt, « clairement insuffisante » à ses yeux, une priorité.
Pour sa rentrée politique, le chef de gouvernement, socialiste, a détaillé les propositions du « pacte national pour faire face à l’urgence climatique » qu’il avait annoncé au cœur du mois d’août, pendant la vague d’incendies qui avait causé la mort de quatre personnes et ravagé quelque 330 000 hectares en une quinzaine de jours, essentiellement dans l’ouest du pays.
En cause, selon lui, concernant ces feux de forêt dévastateurs : une politique de prévention « clairement insuffisante », une gestion du territoire « inadéquate » et « l’urgence climatique, qui fait que les incendies sont aujourd’hui plus virulents ».
« Les incendies de sixième génération, c’est ainsi qu’on appelle les incendies qui ont ravagé plus de 300 000 hectares dans notre pays, ne s’éteignent pas en été, ils s’éteignent (…) en travaillant tous les jours de l’année », a plaidé Pedro Sanchez.
Ces feux sont survenus notamment à la faveur de la plus intense vague de chaleur jamais connue par le pays depuis le début des relevés de l’agence météorologique espagnole, en 1975. Ils ont causé environ 1 149 morts entre le 3 et le 18 août, selon des estimations de l’Institut de recherche en santé publique Carlos III.
Polémiques opposant gouvernement et opposition
Ils ont frappé le cœur rural de l’Espagne, très dépeuplé aujourd’hui, mais où pendant longtemps activité agricole et élevage contribuaient notamment à nettoyer les champs des broussailles et créaient des barrières contre les incendies.
Comme lors des inondations meurtrières qui avaient frappé la région de Valence en octobre 2024, ces incendies ont été l’objet d’intenses polémiques opposant le gouvernement central de Pedro Sanchez et son opposition de droite, qui dirige les régions où ils ont été le plus dévastateurs.
Le gouvernement a accusé les conservateurs du Parti populaire (PP) de nier le changement climatique et d’avoir négligé les programmes de prévention dans les régions qu’ils dirigent. Le PP, lui, attribue en grande partie la responsabilité de ces incendies à des pyromanes et accuse le gouvernement central de ne pas avoir fourni suffisamment de moyens et de renforts.
« Les effets de l’urgence climatique deviennent de plus en plus graves et s’accélèrent, dépassant toutes les prévisions scientifiques faites il y a des années », a déclaré lundi le premier ministre.
« Si nous voulons que les prochains étés ne nous apportent pas de nouveaux malheurs et que les prochains automnes ne nous frappent pas de la manière dont ils nous frappent, avec des inondations, nous devons agir dès maintenant et nous devons le faire ensemble », a plaidé Pedro Sanchez. « Laissons de côté les disputes sur les compétences [des régions et de l’Etat], les disputes territoriales et partisanes », a-t-il insisté.
Des mesures pour l’avenir
Parmi les mesures qu’il entend mettre en œuvre grâce au « pacte national » qu’il a présenté, Pedro Sanchez a évoqué la création de fonds pour permettre des travaux de nettoyage ou de construction dans les municipalités touchées par les incendies, le maintien de moyens de lutte (pompiers, agents forestiers, etc.) tout au long de l’année, ou encore l’amélioration de la coordination de la gestion de ces crises entre gouvernement central et autorités régionales.
Il a aussi plaidé pour la mise en œuvre de moyens visant à « avancer vers un modèle de gestion forestière » adapté au XXIe siècle et à lutter contre le dépeuplement des zones rurales du pays.
Intervenant quelques minutes après Pedro Sanchez, le leader du PP, Alberto Nuñez Feijoo, qui avait lui-même présenté il y a quelques jours ses propositions pour lutter contre les incendies, a préféré placer sa rentrée sous le signe d’attaques visant directement le premier ministre, appelant une nouvelle fois à sa démission s’il ne parvenait pas à faire adopter un budget en septembre.
Dans un climat politique très polarisé, le chef de gouvernement va en effet devoir se livrer de nouveau à un numéro d’équilibriste lors de cette rentrée : sans majorité au Parlement, il va aussi faire face à une rentrée judiciaire chargée, plusieurs de ses proches étant mis en cause dans des affaires de corruption.