
Née en 1941 à Charleville-Mézières, dans les Ardennes, Arlette Farge est historienne spécialisée dans l’étude du XVIIIe siècle. Directrice de recherche au CNRS, rattachée au Centre de recherches historiques de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), elle a notamment publié Délinquance et criminalité. Le vol d’aliments à Paris au XVIIIe siècle (Plon, 1974), thèse qui inaugure de nombreux travaux sur l’histoire des populations pauvres à partir des archives de la police judiciaire, comme Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle (Gallimard, 1979), qui la conduira à écrire avec Michel Foucault Le Désordre des familles (Gallimard, 1982). Autrice de Vies oubliées (La Découverte, 2019) et du Goût de l’archive (Seuil, 1989), ouvrage qui a marqué l’histoire des sensibilités, Arlette Farge a récemment écrit Le Hasard amoureux (La Pionnière, 2023). La chercheuse et féministe s’alarme de la précocité de la violence de certains jeunes, mais aussi d’un système d’enfermement qui favorise la récidive.
Comment avez-vous vécu la révolte de Mai 68 et des mouvements d’émancipation des années 1970 ?
Ces années ont sans doute été parmi les plus belles et intenses de ma vie. Etudiante en droit, j’étais en 1968-1969 à l’université Cornell, à Ithaca, dans l’Etat de New York. J’ai assisté aux luttes des étudiants noirs pour leurs droits civiques et me suis introduite dans le combat des féministes américaines. Leurs combats étaient « en avance » sur les nôtres et à la question sociale s’arrimait la question raciale. Le genre et l’écologie étaient déjà présents.
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