Pour trouver les locaux de la cellule « Thémis », il ne faut pas craindre de se perdre dans le dédale de Balard, le siège de l’Etat-major des armées, à Paris. Dans la poignée de bureaux de ce service situé tout au bout d’un couloir anonyme et chargé de centraliser les signalements pour harcèlement ou agressions sexuelles et sexistes au sein des armées, une petite équipe de sept personnes, dont quatre uniquement chargées de répondre aux victimes, reçoit huit à dix appel appels par jour.

Depuis mars, la multiplication, dans les médias, de témoignages de femmes et d’hommes estimant que les violences dont ils ont été victimes n’ont pas fait l’objet d’une prise en compte suffisante, n’a pas modifié le nombre d’appels. Mais « il y a bien une libération de la parole », reconnaît le chef de Thémis, le contrôleur général des armées (CGA) Thibault de Laforcade.

« Les faits qui nous remontent le plus sont du harcèlement sexuel avec, souvent, une forme d’emprise d’un supérieur hiérarchique sur une jeune femme ou sur les plus jeunes en service », détaille l’un des quatre « rapporteurs » chargés d’entendre les victimes, le commandant David, 52 ans, officier greffier. Avec ses trois autres collègues, toutes des femmes avec une longue expérience de juriste, ils peuvent suivre les plaignants durant plusieurs années : plus de 500 victimes sont actuellement gérées par Thémis.

« Rapport d’étonnement »

A ce titre, le CGA De Laforcade ne le cache pas : il ne dirait pas non à des renforts d’effectifs. Mais cela doit aller de pair avec un système dont les « contours » sont largement « perfectibles », admet-il. « Quand je suis arrivé à ce poste mi-2023, j’ai rapidement fait mon rapport d’étonnement », dit-il sobrement. Depuis, le contrôleur général des armées attend que ses propositions trouvent une éventuelle traduction à travers une mission d’inspection lancée par le ministre des armées Sébastien Lecornu, mi-avril. Ses conclusions doivent être rendues fin mai.

Faute d’effectifs à Thémis, il n’y avait pas, jusqu’à peu, d’écoute en dehors des heures ouvrables. Depuis mi-avril, le soir et le week-end, tous les appels sont redirigés vers un psychologue ou un psychiatre d’astreinte, issu du service de santé des armées. « Il faut que les victimes n’aient qu’un seul appel à passer », défend le CGA De Laforcade. De même, face à l’émoi provoqué par certains témoignages médiatisés, la procédure pour amorcer une enquête au sein des armées, avec des filtres à de nombreux étages hiérarchiques, pourrait être révisée, espère le contrôleur.

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