
« Entre la Turquie et la France, j’ai vécu un changement d’échelle, comme si tout avait rétréci. Mon compagnon m’avait dit que Rennes était une grande ville, mais j’ai eu l’impression d’en avoir fait le tour en trois jours. Il me parlait de la “grande maison” de ses parents, à Retiers [Ille-et-Vilaine], où nous allions loger au début, et j’ai découvert une petite maison dans un village de la taille d’une noix. En Turquie, tout est plus grand : les appartements, les maisons, la circulation, la pollution sonore et visuelle. Istanbul, où je vivais, c’est une fourmilière, une capitale surhumaine.
J’avais 21 ans quand j’ai connu Anthony. On travaillait ensemble au Club Med. J’étais en quatrième année d’études en français langue étrangère et, en 2004, je suis venue à Foça, sur la côte égéenne [dans l’ouest de la Turquie] comme monitrice de plongée. Je l’ai vu passer torse nu, en maillot de bain, comme dans Alerte à Malibu, et j’ai flashé sur lui. Lui était là pour la saison, sinon il travaillait comme décorateur de théâtre. Après trois mois d’été passés ensemble, connectés, complices, passionnés, il était évident que notre relation devait continuer et il est venu vivre avec moi à Istanbul. On a vécu un an en coloc avec ma sœur. Tous les trois, on formait un bon trio. Mais Anthony ne trouvait pas de travail, à cause des coupes budgétaires. On a donc décidé d’essayer en France. Je me suis inscrite en master à Rennes en français langue étrangère, et j’ai annoncé à ma famille que je partais. Pour ma sœur, ça a été difficile. On est hyperproches. C’était un vrai déchirement. Après mon départ, on s’est écrit de longues lettres avec des déclarations d’amour, de manque.
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