La violence étasunienne présente des caractéristiques propres. Les mouvements de protestation y sont divers et très actifs – plus de 50 manifestations chaque jour –, souvent animés par des milices qui promeuvent des idéologies variées, des preppers qui se préparent à une éventuelle catastrophe voire à la fin du monde, particulièrement actifs dans les Etats du Montana, de l’Arizona et de Washington, jusqu’aux défenseurs de l’antisémitisme – la Goyim Defense League, par exemple – en passant par les « défenseurs de la frontière », les « protecteurs de la famille » ou les nationalistes blancs. Ces groupes se situent en grande majorité sur la droite de l’échiquier politique. L’extrême gauche, elle, est divisée et peine à s’organiser.
Malgré la pléthore de discours et d’actions, ces milices organisées – dont le nombre élevé et la faible activité sont spécifiques au contexte américain – sont à l’origine de violences concrètes. Les assassinats, en revanche, sont plutôt le fait de loups solitaires. Parmi eux, Tyler Robinson, l’assassin [présumé] de Charlie Kirk, Vance Boelter, présumé responsable de deux meurtres et deux tentatives de meurtre dans le Minnesota [en juin, plusieurs élus démocrates ont été la cible d’une série de fusillades], ainsi que de nombreux auteurs de fusillades dans des établissements scolaires. Il s’agit le plus souvent d’individus sans étiquette politique, qui passent beaucoup de temps en ligne et présentent des troubles divers. Ils n’ont aucune difficulté à se procurer des armes, ciblent de plus en plus fréquemment les figures et les espaces publics et forcent le monde à être témoin de ces déchaînements de violence.
Très rarement liés aux conspirationnistes, aux partis politiques ou aux milices locales, ils ne votent pas régulièrement et n’entretiennent pas de relations avec des groupes locaux connus. Certains partagent les idées de groupes extrémistes – c’est le cas des preppers –, ce qui les conduit souvent à rejeter l’Etat et ses institutions, et donc à vouloir « faire justice » eux-mêmes. Si ce type de violence est imprévisible, il n’est pas inévitable.
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