Ce lundi matin, Emmanuel Macron a refusé la démission de Gabriel Attal.
Alors qu’aucune majorité n’émerge au lendemain des élections législatives anticipées, quelles formes peuvent prendre un nouveau gouvernement et les prochains votes à l’Assemblée nationale ?
Passage en revue des différents scénarios possibles.

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Élections législatives 2024

À Matignon, ce lundi matin, les camions de déménagement préparaient déjà le départ de Gabriel Attal. C’était avant que le chef de l’État ne refuse la démission du Premier ministre, lui demandant de rester en poste afin d’« assurer la stabilité du pays », malgré la défaite du camp présidentiel, la veille, aux élections législatives anticipées. La question posée par Emmanuel Macron dans sa lettre aux Français du 23 juin, « qui pour gouverner la France ? », demeure donc en suspens. Comme sa promesse de « changer profondément la manière de gouverner », quel que soit le résultat. Une certitude : l’impossibilité pour le Président de dissoudre l’Assemblée nationale pendant douze mois, conformément à l’article 12 de la Constitution.

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Un détail qui a son importance, puisque les députés des oppositions pourront, en se coalisant, censurer tout gouvernement à la moindre occasion, sans craindre une dissolution. Emmanuel Macron compte donc prendre son temps avant de nommer son futur Premier ministre, demandant aux partis de trouver une majorité stable. « Le Président nomme le Premier ministre, c’est la seule chose inscrite dans le texte, rappelle, au micro de TF1, dans le reportage du JT de 13H diffusé ce lundi 8 juillet, à retrouver dans la vidéo en tête de cet article, Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et maîtresse de conférence en droit public. Néanmoins, la coutume, c’est de nommer un Premier ministre issu du bloc qui vient de remporter les élections législatives. »

Avec ses 181 sièges, loin des 289 nécessaires à une majorité absolue, le bloc de gauche, dont les leaders ont exprimé leur souhait de gouverner, n’aura pas assez de députés pour faire passer ses lois seul, tout comme le bloc centriste (165 sièges) et celui d’extrême droite (143). Pour gouverner le pays, le Nouveau Front populaire (NFP) aurait donc besoin du renfort d’une centaine de députés, soit texte par texte, soit en tentant de trouver une coalition. Ce à quoi se refusent déjà les deux autres blocs, ainsi que les 45 députés LR élus. La formation d’un gouvernement de gauche s’apparente ainsi déjà à une impasse, la simple présence de LFI, à l’effet répulsif éprouvé, pouvant donner lieu à une motion de censure.

Exemple d’alliance possible, entre la gauche et le centre, mais ce dernier refuse de collaborer avec LFI. – Capture d’écran TF1

Emmanuel Macron cherche donc d’autres solutions, comme la constitution d’un gouvernement d’union nationale, incluant gauche, droite et centre, mais dont seraient exclus le RN et LFI. Problème : certains leaders du NFP et de LR s’y disent déjà opposés. Certains pourraient-ils finir par changer d’avis ? Quid des autres leaders ? Combien de temps dureraient de telles discussions ? « Ce qu’il se passera peut-être, c’est un gouvernement d’une couleur dans un premier temps, qui pourrait très bien être renversé au moment d’une mesure particulière, puis la formation d’une nouvelle coalition qui pourra à son tour être renversée, anticipe Anne-Charlène Bezzina. Avant, pourquoi pas, un gouvernement technique. »

Autre alliance possible, celle de la gauche, du centre et de la droite, sans LFI ni le RN, qui se heurte pour l'heure aux réticences du NFP et de LR.
Autre alliance possible, celle de la gauche, du centre et de la droite, sans LFI ni le RN, qui se heurte pour l’heure aux réticences du NFP et de LR. – Capture d’écran TF1

Cette dernière option consisterait à former un gouvernement apolitique, constitué d’experts de tous bords, sur le modèle de ce qu’a fait l’Italie avec Mario Draghi, ex-président de la Banque centrale européenne, entre 2021 et 2022. Mais cela risquerait de déplaire aux électeurs, qui verraient là un déni de leurs choix politiques après s’être fortement mobilisés lors du dernier scrutin… Reste la possibilité de temporiser le maintien de Gabriel Attal au-delà des Jeux olympiques, le Premier ministre s’étant déjà déclaré prêt à rester « aussi longtemps que le devoir l’exigera ». Mais la gauche met déjà la pression, en assurant qu’elle proposera « un nom pour Matignon » dans la semaine. Dit autrement : aucune formule stable n’émerge pour l’heure.

Ce pourrait être, contre toute attente, un mal pour un bien. Sur le plan arithmétique, l’addition des députés de la coalition présidentielle, des écologistes, des socialistes et des communistes, même avec une partie de la droite, ne permet pas d’obtenir une majorité absolue. Et une Assemblée si fragmentée, aux rangs possiblement indisciplinés par le contexte inédit, faciliterait presque, finalement, la recherche de compromis. « Plus il y a de groupes, plus il y a de combinaisons possibles pour arriver à reconstituer une majorité, note Thomas Ehrhard, maître de conférences en science politique, cité par Le Monde. Il peut y avoir des scissions entre des députés des mêmes partis, qui ont fait campagne ensemble, mais qui n’ont pas la même approche. »


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Bastien Augey, Quitterie Nguyen-Long

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