Dix-huit milliards d’euros de déficit en 2024, 16 milliards prévus en 2025, 20 milliards en 2028… l’évolution des comptes sociaux, inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) examiné en commission mixte paritaire, mercredi 27 novembre, a retrouvé une courbe alarmante. Quand bien même la version adoptée par les sénateurs, mardi 26 novembre, a fait baisser l’addition de 1 milliard d’euros pour l’an prochain. Ce « trou de la Sécu », contre lequel les pouvoirs publics ont bataillé des années, serait-il devenu impossible à combler ?

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Première branche concernée, l’Assurance-maladie semblait pourtant se redresser, après l’explosion des déficits qui a accompagné la crise sanitaire liée au Covid-19 – plus de 30 milliards d’euros atteints en 2020, pour financer les vaccins, les masques, les tests, les arrêts de travail… Mais le vent a tourné : de 11 milliards d’euros en 2023, son déficit est reparti à la hausse, avec 14,6 milliards d’euros en 2024. Et malgré des économies promises pour 2025, le solde devrait encore s’élever à − 13,4 milliards, selon le projet du gouvernement. Peu à peu, un constat émerge : ce « trou » se révèle bien « structurel », alerte-t-on de toutes parts.

Beaucoup l’oublient peut-être, mais, en 2020, à la veille du déferlement de la pandémie, la Sécurité sociale, et même l’Assurance-maladie, longtemps vue comme le corps « malade » de la « Sécu », étaient sur le point de revenir à l’équilibre. Et ce, après une longue décennie de redressement, après la crise financière de 2008, durant laquelle le déficit de la branche maladie a plongé au-delà de 10 milliards d’euros. Aujourd’hui, alors que la crise sanitaire s’éloigne, les voyants restent au rouge.

« Irresponsabilité collective »

A qui la faute ? L’éléphant est au milieu de la pièce et, pourtant, l’explication commence à peine à être assumée aux plus hauts niveaux de l’Etat : le Ségur de la santé n’a pas été financé. Laurent Saint-Martin, ministre du budget, l’a reconnu devant les députés de la commission des affaires sociales, le 16 octobre, en évoquant une « explosion des dépenses », « pas toujours de façon financée ». Ce plan de revalorisation des soignants et des agents hospitaliers décidé au sortir de la première vague épidémique, à l’été 2020, et dont nul ne conteste la nécessité, représente une enveloppe d’une dizaine de milliards d’euros par an, pour ce qui est du volet sur les rémunérations.

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