• Michaël Chiolo, l’auteur de l’attaque au couteau contre 2 surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe en 2019, a été condamné lundi à une peine de réclusion à perpétuité incompressible.
  • Abdelaziz Fahd a quant à lui été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité de tentative d’assassinat.
  • Poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste, Jérémy Bailly, 37 ans, a été acquitté.

Michaël Chiolo, l’auteur de l’attaque au couteau contre deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) le 5 mars 2019, a été condamné ce lundi 7 juillet à une peine de réclusion à perpétuité incompressible, la plus lourde peine prévue par le code pénal. La cour d’assises spéciale, composée de magistrats professionnels, a suivi les réquisitions du parquet, sauf concernant les deux accusés qui avaient bénéficié d’un non-lieu durant l’instruction.

Elle a ainsi acquitté Jérémy Bailly, 37 ans, un vétéran du djihadisme français car « aucun acte préparatoire » de l’attentat n’a pu être retenu contre lui. Et elle a condamné à douze ans de réclusion assortie d’une peine de sûreté des deux tiers Yassine Merai, en fuite à l’étranger, qui était jugé par défaut. Le parquet avait réclamé quinze ans de réclusion à l’encontre de ces deux hommes poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste.

La nuit, je rêvais que j’attaquais l’administration pénitentiaire

Michaël Chiolo

Tout au long des cinq semaines d’audience, Michaël Chiolo, 33 ans, jugé pour tentative d’assassinat et qui revendique pleinement son acte, n’a cessé d’en rajouter dans la provocation. Il a ainsi affirmé « approuver de A à Z » les exactions du groupe État islamique (EI). « Ça faisait des années que je voulais faire le djihad dans le sentier d’Allah. Ça faisait des années que je voulais attaquer l’administration pénitentiaire » et « tuer un maximum de victimes », a-t-il expliqué durant son procès. « La nuit, je rêvais que j’attaquais l’administration pénitentiaire », a-t-il raconté. À l’annonce du verdict, il a levé un de ses doigts vers le ciel en remuant les lèvres comme lors d’une incantation.

Nous avons cherché des éléments de personnalité en sa faveur, nous n’en avons trouvé aucun

L’avocate du Pnat

« Nous avons cherché des éléments de personnalité en sa faveur, nous n’en avons trouvé aucun », avait affirmé l’avocate générale du parquet national antiterroriste (Pnat) lors de ses réquisitions. Sa « capacité d’évolution est quasi inexistante », avait tranché la magistrate. « Aucune autre peine que la peine maximale n’est envisageable », avait-elle estimé.

Avant Michaël Chiolo, seuls deux hommes liés à la mouvance djihadiste avaient écopé d’une peine de perpétuité incompressible en France : Salah Abdeslam, l’un des auteurs des attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), et Brahim Aouissaoui, l’auteur de l’attentat de la basilique de Nice, qui avait fait trois morts, le 29 octobre 2020.

Un seul acquitté

Reconnu coupable de complicité de tentative d’assassinat, Abdelaziz Fahd, 39 ans, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de trente ans. Malgré ses dénégations, durant l’enquête et pendant le procès, l’accusation a vu en lui « l’instigateur » de l’attentat.

Délinquant de droit commun multirécidiviste, incarcéré sans discontinuer depuis 2006, Abdelaziz Fahd est « incapable de toute forme de remise en question », avait estimé le Pnat dans ses réquisitions. En mars dernier, il avait tenté de se faire livrer par drone un paquet contenant un couteau en céramique au centre pénitentiaire de Beauvais (Oise).

Seul acquitté du procès, Jérémy Bailly a été condamné à vingt-huit ans de réclusion en 2017 pour son implication dans une attaque à la grenade contre une épicerie casher de Sarcelles (Val-d’Oise) en septembre 2012. Il était membre de la cellule djihadiste surnommée « Cannes-Torcy » où se regroupaient des candidats au départ sur zone irako-syrienne.

Présenté par l’accusation comme « le frère siamois djihadiste » de Michaël Chiolo, Nabil Ganned, 35 ans, a reconnu avoir été présent dans la salle commune de la prison, surnommée « le gourbi », quand Chiolo discutait de son projet. A-t-il pris part aux discussions ? Personne n’est en mesure de l’affirmer mais, selon le Pnat, « le vide de ses réponses nous a parfois donné le vertige ». La cour l’a condamné à vingt ans de réclusion criminelle avec une période sûreté des deux tiers. Les condamnés disposent de dix jours pour interjeter appel.

Rania HOBALLAH avec AFP

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