
Face aux juges, Rafael Martins de Oliveira, lieutenant-colonel de l’armée brésilienne, a dû se rhabiller, littéralement. Convoqué lundi 28 juillet devant le Tribunal suprême fédéral, la plus haute juridiction du pays, ce dernier s’est présenté en uniforme militaire, avant d’être immédiatement rappelé à l’ordre par Alexandre de Moraes, le magistrat chargé de la procédure, qui avait strictement interdit le port de la tenue dans le cadre des auditions. Dix minutes ont été accordées à l’officier pour enfiler des vêtements civils.
Pour les magistrats, il était hors de question de faire de ce procès une tribune. Le lieutenant-colonel était en effet entendu dans le cadre de la très sensible enquête sur la tentative supposée de coup d’Etat menée fin 2022 par Jair Bolsonaro et ses proches, dans le but de renverser les résultats de l’élection présidentielle, remportée par la gauche de Luiz Inacio Lula da Silva. L’ex-chef d’Etat d’extrême droite (2019-2023), accusé d’avoir participé de manière « directe et effective » au putsch avorté, risque plus de quarante années de prison.
Les auditions de lundi revêtaient une importance particulière. Elles concernaient un groupe bien spécifique de la conspiration, désigné comme le « Noyau 3 », composé d’un policier et, surtout, de neuf officiers militaires. Trois d’entre eux sont d’anciens kids pretos (« gamins en noir »), surnom des forces spéciales, reconnaissables à leurs cagoules sombres. Un corps d’élite qui, selon l’enquête, aurait été chargé des « actions coercitives » du putsch – à savoir, l’assassinat de Lula et du juge Alexandre de Moraes, alors président du Tribunal supérieur électoral.
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