Etait-ce le pas de trop ? Alexandre de Moraes, le juge le plus en vue du Tribunal suprême fédéral brésilien, est désormais sous le feu des critiques. En cause, sa décision retentissante, prise lundi 4 août, ordonnant l’assignation à résidence de l’ex-président Jair Bolsonaro, jugé pour tentative de coup d’Etat. Cette assignation est contestée par de nombreux juristes, plusieurs grands médias et même certains de ses collègues, qui la considèrent comme excessive, voire illégale.
Emis en solitaire, sans vote ni délibération collégiale, l’ordre de ce magistrat chargé des enquêtes visant l’extrême droite a suscité le malaise et l’irritation. Plusieurs juges de l’institution auraient souhaité être consultés et pouvoir se prononcer sur une mesure aussi lourde prise contre un ancien président. Une source interne au Tribunal suprême fédéral évoque un climat « préoccupant et très tendu », marqué par une « grande incertitude quant à la suite des événements ».
En privé, certains membres de la Cour suprême ont fait part de doutes sur la légalité de l’assignation à résidence du dirigeant d’extrême droite. Officiellement, la mesure vise à sanctionner Jair Bolsonaro — déjà interdit d’utiliser les réseaux sociaux — pour une vidéo de soutien adressée à une foule de partisans rassemblés à Rio de Janeiro, le 3 août. Toutefois, Alexandre de Moraes n’avait alors pas interdit à l’accusé de donner des interviews ou de tenir des discours. De quoi laisser sceptique sur la validité de la décision.
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