La bataille se poursuit entre la justice brésilienne et le réseau social X d’Elon Musk. Un juge de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes, a ordonné vendredi 30 août la « suspension immédiate » de X « sur tout le territoire brésilien ».

Le magistrat a demandé à l’Agence nationale des télécommunications d’« adopter toutes les mesures nécessaires » pour que cette décision entre en vigueur dans un délai de vingt-quatre heures. Il a également exigé des géants de la tech Google et Apple, ainsi qu’aux fournisseurs d’accès Internet, d’« introduire des obstacles technologiques capables d’empêcher l’utilisation de l’application X » et l’accès au site Web.

M. de Moraes avait donné à la plate-forme du milliardaire américain Elon Musk vingt-quatre heures, mercredi soir, pour nommer un représentant légal dans le pays, sous peine de suspension du réseau. A l’expiration du délai, X avait fait savoir qu’elle ne se plierait pas à l’injonction judiciaire. « Alexandre de Moraes est un dictateur maléfique se faisant passer pour un juge », avait fustigé jeudi Elon Musk sur X.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Pourquoi Elon Musk semble intouchable

Blocage de comptes ultraconservateurs

La suspension restera en vigueur jusqu’à ce que le réseau social se plie aux décisions de la justice brésilienne, paie les amendes qui lui ont été infligées et nomme un représentant légal, selon le jugement rendu vendredi.

Ce jugement intervient après que le 17 août Elon Musk avait annoncé la fermeture des bureaux du réseau social au Brésil, tout en laissant le service disponible. M. Musk avait alors accusé le juge de Moraes d’avoir menacé d’arrestation son représentant légal au Brésil, ce que le réseau social considère comme être une forme de « censure » visant à bloquer certains contenus.

M. Musk souhaitait s’opposer aussi aux décisions de M. de Moraes vis-à-vis de X. Au nom du combat contre la désinformation, le magistrat a ordonné ces dernières années le blocage des comptes de figures influentes des mouvements ultraconservateurs brésiliens. Et ce, en particulier depuis les tentatives de partisans de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, admirateur d’Elon Musk, de discréditer le système de vote électronique lors de la présidentielle remportée par Luiz Inacio Lula da Silva, en octobre 2022.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les obsessions d’Elon Musk : repeupler la planète et « détruire le virus woke »

« Honte pour la justice »

M. de Moraes avait ordonné en avril une enquête sur le patron du réseau social en l’accusant de réactiver des comptes interdits. Le réseau social avait admis que les utilisateurs de plusieurs comptes bloqués avaient réussi à contourner les restrictions. Les comptes concernés appartiennent à des personnalités conservatrices, comme le sénateur Marcos do Val, un ancien allié de M. Bolsonaro, selon la police fédérale.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Avec le soutien d’Elon Musk à Trump, X pourrait plus que jamais devenir un outil de campagne des républicains

M. Musk s’en était alors pris vivement au juge brésilien, en le qualifiant d’« honte pour la justice » et l’invitant à « partir ». « Ses actions sont incompatibles avec un régime démocratique. Le peuple brésilien doit faire un choix : la démocratie ou Alexandre de Moraes », avait aussi tancé le réseau social, racheté par Elon Musk en octobre 2022.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Un an de X : Threads, Bluesky, Mastodon… où en sont les héritiers de Twitter ?

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version