LETTRE DE MONTRÉAL

Pour les amoureux des randonnées qui s’aventurent dans l’Ouest canadien, le parc Joffre Lakes – appelé Pipi7íyekw en ucwalmícwts, la langue des Líl̓wat et des N’Quatqua, deux nations de la Colombie-Britannique – est un incontournable. Situé à 180 km au nord-est de Vancouver, ses lacs turquoise, dominés par la langue glaciaire du mont Matier, font un malheur sur les réseaux sociaux, avec ou sans filtre.
Mais en ce moment, les instagrammeurs doivent ronger leur frein : le parc est fermé au public jusqu’au 3 octobre, seuls les membres des Premières Nations concernées y ont accès.
La trêve doit permettre aux deux nations de retrouver « le temps et l’espace nécessaires pour renouer avec la terre, pratiquer leurs rites culturels et spirituels », assure le département des parcs de la province, qui compte plus de 200 premières nations différentes. L’objectif est aussi de laisser souffler l’écosystème, éprouvé par l’afflux estival des visiteurs.
Mais cette décision déborde du cadre écologique : Joffre Lakes, situé sur des terres dites « non cédées », c’est-à-dire qu’aucun traité des Premières Nations ne les a concédées au Canada — cristallise un débat politique, celui de la réappropriation de territoires dont les membres des Premières Nations ont été longtemps privés.
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