Doctorant en science politique au Centre d’études européennes de Sciences Po et spécialiste de la droite française, Emilien Houard-Vial analyse la relation entre Les Républicains (LR) et le bloc macroniste depuis l’arrivée de Michel Barnier à Matignon.

N’existe-t-il pas un décalage entre la présence massive de membres de LR dans le gouvernement de Michel Barnier et le poids électoral du parti, qui est arrivé en cinquième position à l’issue des législatives ?

Depuis les élections européennes de 2019, LR se débat dans un étiage autour de 4,5 % à 8,5 % lors des différents scrutins. Cela montre une forme de résilience, car un parti qui stagne à ce niveau-là finit généralement par s’effondrer ou se rallier à un autre. Dans les enquêtes sur l’affiliation des Français à un parti politique, on voit des gens se déclarer LR, mais sans forcément voter pour eux. Il y a quelque chose qui n’accroche plus avec la droite. Il n’existe plus cette automaticité de vote comme par le passé.

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On a beaucoup dit que LR s’était retrouvé sans espace entre un centre droit macroniste et le Rassemblement national (RN). Que change l’arrivée de l’un des siens, Michel Barnier, à Matignon ?

En 2022, les dirigeants LR avaient eu peur d’apparaître comme des supplétifs du macronisme, d’occuper des ministères en échange de leur soutien. Avec la nomination de Michel Barnier, ils peuvent dire à leurs électeurs qu’ils ne sont pas les dindons de la farce et sont en mesure d’influer sur la politique gouvernementale. Mais, en réalité, ils sont au centre d’une alliance implicite avec les macronistes et permettent le soutien tacite du RN pour éviter la censure du gouvernement. Un Bruno Retailleau à l’intérieur est censé être une garantie donnée au RN que la ligne va se droitiser.

L’entrée de personnalités au gouvernement sous l’étiquette LR acte-t-elle le rapprochement entre le bloc macroniste et la droite ?

LR et les macronistes n’ont pas encore pris acte d’appartenir au même bloc ou de devoir dégager un candidat commun face à Marine Le Pen dès le premier tour de la présidentielle, en 2027. Pour la droite, il y aura toujours un enjeu d’identité à présenter un candidat, même avec peu de chances de l’emporter. On peut aussi observer la perte de vitesse du bloc macroniste. Emmanuel Macron a fait six fois le score de Valérie Pécresse lors du premier tour de la présidentielle, en 2022. Lors des dernières législatives, le rapport était plutôt de l’ordre de trois en faveur du camp présidentiel. Sur le papier, le rapport de force est désormais moins défavorable à LR.

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