Boris Charmatz à La FabricA, à Avignon, en avril 2024.

Avec trois productions à l’affiche, dont la reprise de sa pièce Liberté Cathédrale, créée en septembre 2023, le chorégraphe Boris Charmatz, figure de la scène contemporaine depuis le début des années 1990, nommé directeur du Tanztheater Wuppertal, l’emblématique compagnie de Pina Bausch (1940-2009), en 2022, est également l’artiste complice de cette 78ᵉ édition du Festival d’Avignon.

Quel est exactement le rôle de l’artiste complice, tel que vous apparaissez dans le cadre de cette édition ?

C’est le résultat de beaucoup de discussions avec Tiago Rodrigues et son équipe. Nous avons également parlé de sa recherche en tant que metteur en scène et de la mienne comme chorégraphe, ainsi que de la programmation, mais je n’ai pas choisi avec lui les artistes à l’affiche. Le fait que je sois maintenant directeur du Tanztheater Wuppertal a entraîné le désir de montrer à la fois mon travail et celui de Pina Bausch, en abordant les questions de la transmission et du répertoire, de la manière dont on peut revisiter l’histoire de la danse en croisant le passé, le présent et le futur. Par ailleurs, le fait que nous soyons tous les deux des « étrangers » à la tête d’institutions – lui est portugais et moi français à la direction d’une troupe allemande – a généré des échanges passionnants. Nous sommes plus que jamais convaincus, notamment dans le contexte politique actuel, que notre parcours est le fruit d’une Europe attachée à la libre circulation des idées et des personnes. Plus concrètement, j’ai une présence très forte sur la manifestation puisque j’y suis du premier au dernier jour, avec trois productions.

Vous présentez in situ, dans le stade de Bagatelle, « Liberté Cathédrale », que vous avez créé dans l’église de Mariendom, à Neviges, près de Wuppertal, en septembre 2023. Quelle importance a pour vous cette notion de lieu non consacré à la danse, qu’il s’agisse d’une église, d’un stade ou d’un espace en extérieur, vous qui avez baptisé votre compagnie « Terrain » et revendiquez souvent une institution « sans murs ni toit » ?

J’ai choisi pour ce spectacle le même stade, celui de Bagatelle, sur lequel nous avions dansé Levée des conflits, en 2011. C’est un endroit qui est « dansable », pourrait-on dire, car plat. Je me souviens qu’en 1996 Dimitri Chamblas et moi-même avions interprété A bras-le-corps dans un champ, à Uzès [Gard]. Les mêmes gestes peuvent résonner différemment selon les espaces. J’aime beaucoup le côté brut, à ciel ouvert. On est à la merci des éléments, de la pluie ou de la très grande chaleur, notamment à Avignon. On est perméable à tout ce qui se passe autour de nous et qui modifie la pièce. Le public aussi, d’ailleurs, qui se retrouve dans des conditions moins confortables que celles d’un théâtre.

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