Les élections législatives groenlandaises, organisées mardi 11 mars, ont marqué un fort recul de la coalition sortante.
En tête, le centre-droit et les nationalistes ont fait une percée inédite.
Jamais des élections au Groenland n’ont eu autant de retentissement international, alors que le territoire est convoité par Donald Trump.

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Le second mandat de Donald Trump

« Nous vous invitons à faire partie de la plus grande nation du monde, les États-Unis d’Amérique ! ». Durant son premier mandat, Donald Trump avait déjà affiché sa volonté de racheter le Groenland, essuyant un refus net des autorités danoises et groenlandaises. Depuis son retour à la Maison Blanche, le milliardaire martèle sa volonté de mettre la main sur le territoire jugé important pour la sécurité américaine. 

À la veille des élections législatives groenlandaises, qui se sont tenues ce mardi 11 mars, il a de nouveau promis, sur son réseau Truth Social, sécurité et prospérité aux Groenlandais qui souhaiteraient faire partie des États-Unis. « Les États-Unis soutiennent fermement le droit du peuple du Groenland à déterminer son propre avenir. Nous continuerons à vous GARANTIR LA SÉCURITÉ, comme nous le faisons depuis la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes prêts à investir des milliards de dollars pour créer de nouveaux emplois et vous rendre riches », a-t-il écrit.

Rester avec le Danemark est plus important que jamais

Un électeur groenlandais

Le président américain a-t-il voulu s’ingérer dans le scrutin groenlandais ? À l’évidence, jamais des élections au Groenland n’avaient connu un tel retentissement international, et l’ombre de Donald Trump a plané pendant la campagne. C’est l’opposition de centre droit qui a remporté les élections législatives, un scrutin également marqué par une poussée inédite des nationalistes qui réclament l’accession rapide à l’indépendance de l’île arctique.

Le parti Démocrates, formation autoproclamée « sociale-libérale » favorable à l’indépendance à terme, a remporté 29,9% des suffrages, multipliant par plus de trois son score lors de l’élection précédente en 2021. Les nationalistes de Naleraq, force la plus activement engagée pour que le territoire autonome danois rompe ses liens restants avec Copenhague, se placent eux deuxième avec 24,5% des voix. La coalition sortante, composée de la gauche et des sociaux-démocrates, a elle été très largement sanctionnée par les électeurs qui se sont déplacés en masse. 

Signe, peut-être, d’un effet Trump, convaincu de pouvoir s’emparer « d’une manière ou d’une autre » du Groenland, la participation a été élevée, à plus de 70%. D’après un sondage paru en janvier, environ 85 % des Groenlandais excluent toutefois cette éventualité. « Il y a beaucoup de Groenlandais qui perçoivent les États-Unis différemment avec Trump à la présidence, qui sont un peu moins disposés à coopérer même si c’est ce qu’ils voudraient faire au fond d’eux », a expliqué à l’AFP Anders Martinsen, un employé du fisc de 27 ans.

Mais les ambitions du président américain ont pesé dans la campagne. Les nationalistes de Naleraq voient notamment dans l’intérêt américain pour l’île un levier dans de futures négociations avec le Danemark. Au contraire, ces sorties refroidissent aussi parfois les ardeurs indépendantistes et incitent au maintien des liens avec Copenhague, au moins pour l’instant. « Si nous devenons indépendants, Trump pourrait devenir trop agressif, c’est ce qui me fait peur », a estimé un autre électeur, jugeant que « rester avec le Danemark est plus important que jamais ».


Fanny ROCHER

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