En ce début de second mandat présidentiel, Donald Trump a déjà déclenché une guerre douanière qui déstabilise le monde entier, parlé du Canada comme du 51e Etat américain et du Groenland comme d’un bien immobilier à acheter, accéléré les expulsions d’étrangers, effacé le terme « science-based » (« fondé sur la science ») sur les sites Internet gouvernementaux, et licencié plus de 100 000 employés de [ce qu’appelle le gouvernement] l’« Etat profond ». Quant à Elon Musk [dirigeant le département de l’efficacité gouvernementale (DOGE)], il s’est engagé à réduire les programmes d’aide américains de 700 milliards de dollars [environ 615 milliards d’euros] et a qualifié la sécurité sociale de « système de Ponzi », soit une escroquerie. Dans l’est du Kentucky, une région républicaine jusqu’à l’os, qu’en disent les électeurs ?

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Au cours de travaux de recherches qui ont duré sept ans, j’ai rencontré une grande diversité de personnes de toute la circonscription électorale de « Kentucky 5 », la plus blanche et la deuxième plus pauvre du pays. Dans cette région rurale autrefois fière, les emplois bien rémunérés du secteur du charbon disparaissent tandis que la consommation d’opioïdes va crescendo. Il y a bien des emplois à bas salaire dans le secteur des services, mais ils ne paient pas les factures. Seuls 18 % des plus de 25 ans détiennent un diplôme de licence ou supérieur susceptible de leur ouvrir les portes d’un emploi plus rémunérateur.

Dans les années 1930 et 1990, la région a constitué un bastion des présidents démocrates Franklin Roosevelt [au pouvoir de 1932-1945] et Bill Clinton [1993-2001]. Mais, en 2016, 2020 et 2024, quelque 80 % des électeurs de Kentucky 5 ont donné leur voix à Donald Trump. Et environ 45 % des personnes inscrites sur les listes électorales n’ont pas voté.

Enthousiasme et inquiétude

Paradoxalement, les sympathisants de Donald Trump comptent souvent parmi les populations les plus vulnérables à ses politiques. Comme dans quantité d’Etats républicains, en effet, une part importante du budget de l’Etat provient du gouvernement fédéral – 38 % –, et une majorité écrasante des sommes reçues est redistribuée aux zones rurales. Dans la circonscription de Kentucky 5, 44 % de la population dépend de Medicaid et près de trois enfants sur quatre remplissent les conditions pour bénéficier de bons alimentaires.

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