
Depuis le coup d’Etat de juillet 2023, la junte nigérienne a tourné le dos à la France, mais elle semble ne pas l’avoir quitté des yeux pour autant. A 4 000 km de Paris, les médias d’Etat du Niger suivent de près le feuilleton politique qui se joue dans la capitale française. L’instabilité politique est volontiers pointée par les journalistes de la Radio-Télévision du Niger (RTN), qui y voient un signe de la faiblesse de l’ancienne puissance coloniale.
Mercredi 10 septembre, Nana Mariam Elh Moutari, la présentatrice du journal de la principale chaîne nigérienne, a ainsi consacré plusieurs minutes à la démission du gouvernement, intervenue la veille, et au mouvement social en cours en France : « La France qui, il y a peu encore, se délectait à nous donner des leçons de démocratie, se retrouve aujourd’hui prise à son propre piège, plongée qu’elle est dans une grave crise. Pas de budget, pas de gouvernement et pas de compromis politique véritable propre aux grandes démocraties. »
La voix off du sujet qui suit renchérit : « La colère monte dans toute la France pendant que Macron a choisi de s’enfermer dans sa tour d’ivoire, entouré de quelques fidèles. Décidément, il n’a pas de leçon de démocratie, ni même de légitimité, à donner, en tout cas surtout pas aux Etats de l’AES [l’Alliance des Etats du Sahel, formée par le Niger, le Burkina Faso et le Mali], dont les dirigeants, eux, ont l’adhésion de leurs concitoyens. » Le même jour, l’ORTM, la télévision nationale malienne, diffusait le même sujet – et le même lancement par sa présentatrice, au mot près.
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