Jordan Bardella, eurodéputé français et président du groupe des Patriotes, lors d’une session au Parlement européen à Strasbourg, le 9 octobre 2024.

C’est une fonction qui pourrait leur donner encore plus de voix pour fustiger « l’écologie punitive » et la méthode de la Commission européenne à laquelle ils s’attaquent avec force depuis que leurs rangs ont été renforcés lors des dernières élections en 2024. L’extrême droite au Parlement européen a obtenu, mardi 8 juillet, la coordination d’un texte-clé pour l’ambition climatique de l’Union européenne (UE).

Le groupe des Patriotes, construit autour du Rassemblement national et du Fidesz du Hongrois Viktor Orban, troisième le plus important de l’Hémicycle européen, a pesé de tout son poids pour obtenir le poste de rapporteur de la réforme de loi sur le climat, qui doit fixer objectif de réductions de gaz à effet de serre d’ici à 2040. Présidé par l’eurodéputé français Jordan Bardella, le groupe n’a pas encore précisé lequel de ses membres occupera cette fonction.

Sur le fond, le rapporteur issu des Patriotes ne pourra pas empêcher les autres groupes de se mettre d’accord sur le contenu final de la loi. Mais l’extrême droite européenne, en occupant ce poste, pourrait être tentée de retarder ou d’électriser les négociations.

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Un « choix aussi irresponsable que cynique »

Par voie d’amendement, la Commission européenne a proposé, au début de juillet, dans ce texte de maintenir l’objectif de réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici quinze ans, mais avec des « flexibilités » dans le mode de calcul, face aux réticences de certains pays.

« L’Union européenne se tire une balle dans le pied », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’eurodéputée écologiste française, Marie Toussaint, ajoutant : « Nous dénonçons fermement ce choix aussi irresponsable que cynique : le climat ne se négocie pas avec les fossoyeurs de l’écologie. »

Jordan Bardella a décidé depuis plusieurs mois de s’attaquer aux lois environnementales adoptées par l’UE, qu’il juge « punitives » et « bureaucratiques ». En janvier, il avait réclamé la suspension immédiate du pacte vert, adopté lors du précédent mandat et dont l’objectif est d’atteindre la neutralité carbone dans l’Union européenne d’ici à 2050.

La remise en question de ces textes par l’extrême droite vise aussi à bâtir des majorités alternatives avec la droite au Parlement européen. La répartition des rapports entre les groupes se fait par un système de points, en fonction du poids politique de chacun.

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Il y a quelques jours, un autre groupe classé à l’extrême droite mais mieux intégré au jeu européen, les Conservateurs et réformistes européens (ECR, groupe des postfascistes italiens Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni), avait obtenu un rapport sur l’immigration consacré aux « pays d’origine sûrs », dont les ressortissants auraient des possibilités d’asile limitées en Europe.

Pour la loi sur le climat, l’attribution du poste de rapporteur aux Patriotes « obligera les groupes pro-européens à collaborer pour faire aboutir cette proposition-clé avant la COP30 [conférence de l’ONU sur le climat] de Belém », en novembre au Brésil, espère toutefois l’eurodéputé centriste, Pascal Canfin.

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Le Monde avec AFP

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