
« Des humains tirés au sort pour mourir »… Les mots d’Amandine Iehlen, prononcés avec « dégoût » il y a quelques jours à la barre, semblent incrustés dans les boiseries de la vénérable salle d’assises de Besançon. Depuis le 8 septembre, Frédéric Péchier y affronte de vertigineuses accusations : cet anesthésiste a-t-il empoisonné 30 patients, dont 12 mortellement, pour mieux affaiblir les confrères censés s’en occuper ?
Première certitude, admise par la défense elle-même : seringues à la main, un « orfèvre de la mort » a bien sévi durant une décennie à la clinique Saint-Vincent, transformant des poches de
perfusion en « armes du crime ». Autre certitude, Damien Iehlen, le père d’Amandine, a été assassiné le 10 octobre 2008 lors d’une opération du rein, à la suite d’une injection malveillante de lidocaïne… Cet homme de 53 ans est, d’un point de vue chronologique, la première victime officielle de l’affaire Péchier.
Depuis une semaine, la cour d’assises du Doubs se déporte virtuellement à la Polyclinique de Besançon, autre établissement de soins de la ville, pour suivre une piste accablante. L’accusé est-il le « dénominateur commun » d’une série d’empoisonnements supposés étalés sur deux sites différents ? Parti fâché de la clinique Saint-Vincent, Frédéric Péchier a posé sa mallette à la Polyclinique en janvier 2009, avant d’en claquer la porte six mois plus tard, pour retourner à la case départ. Entre-temps, l’établissement a subi trois événements indésirables graves (EIG) cardiaques… Ce qui n’était jamais arrivé et n’arrivera plus jamais.
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