Arrivée de l’un des accusés au procès de l’assassinat de Samuel Paty, à Paris, lundi 4 novembre 2024.

Quelle est la responsabilité exacte, en fait comme en droit, de Brahim Chnina dans l’engrenage qui a conduit à l’assassinat de Samuel Paty ? Cette question était au cœur de l’interrogatoire, lundi 2 février, de ce père de famille de 52 ans qui, en décidant de médiatiser le mensonge d’une de ses filles, Z., sur le déroulement d’un cours donné par le professeur, avait déclenché la campagne de haine qui a fini par lui coûter la vie.

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Concernant les faits, Brahim Chnina reconnaît sa faute : « Ce que j’ai fait est irréparable et impardonnable. » S’agissant de sa responsabilité pénale, cet homme qui encourt trente ans de réclusion criminelle pour « association de malfaiteurs terroriste » est moins catégorique : « Je ne fais pas partie d’une association de malfaiteurs terroriste. C’est vrai que j’ai fait des messages et une vidéo qui ont mal tourné, et je regrette ce que j’ai fait… »

La question qui occupe la cour est de savoir pourquoi. En d’autres termes, quel était le mobile de cette cabale en ligne ? Au cours de cet interrogatoire lénifiant qui s’est étiré sur une journée, l’accusé n’a pas esquissé le moindre début d’introspection susceptible d’éclairer son comportement. Il a préféré diluer sa responsabilité dans celle de Z. (« J’ai fait l’erreur de croire ma fille ») et de la principale du collège : « Si elle m’avait dit que ma fille n’avait pas participé au cours, rien de tout ça ne serait arrivé », a-t-il avancé.

Victimisation

Dans ses mots, l’assassinat de Samuel Paty est apparu comme un sinistre accident, le résultat d’un effet papillon ayant un fil conducteur : la victimisation. Victimisation de Z., d’abord, qui a préféré dire à ses parents avoir été « discriminée » plutôt que de leur avouer ses problèmes de comportement. Victimisation de Brahim Chnina, ensuite, dupé par sa fille et persuadé d’un complot ourdi par la direction du collège. Victimisation politique, enfin, de la part de l’agitateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, qui avait présenté cette affaire comme une volonté de l’Etat de « combattre » les musulmans.

Pourquoi Brahim Chnina s’est-il lancé dans cette campagne en ligne qui durera neuf jours jusqu’à l’assassinat de Samuel Paty ? La raison profonde de cet emballement est centrale pour mesurer la dimension idéologique de son comportement. A-t-il publié ses messages sur les réseaux sociaux pour « défendre » sa fille, selon lui injustement exclue de son collège pour deux jours ? Parce qu’elle avait été « discriminée » par M. Paty ? Ou parce que ce dernier avait diffusé une caricature du prophète nu en classe ?

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