Nicolas Sarkozy a-t-il envoyé en Libye deux avocats négocier l’élargissement d’Abdallah Senoussi, condamné à perpétuité en 1999 pour l’attentat contre le DC-10 d’UTA, en 1989, où 170 personnes ont trouvé la mort ? Après les témoignages des familles des victimes, au procès des soupçons du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, le tribunal a posé la question jeudi 23 janvier à l’ancien chef de l’Etat. Qui a clairement répondu « non ». Et a suggéré que si ce voyage a effectivement eu lieu en 2005, ce qu’il ignore, les deux avocats auraient plutôt été envoyés… par Jacques Chirac, alors président de la République.
Pour l’accusation, la séquence est limpide. Personne ne conteste que le sort d’Abdallah Senoussi, le beau-frère de Mouammar Kadhafi et patron du renseignement militaire, préoccupait les Libyens. Ziad Takieddine, l’intermédiaire franco-libanais chargé des intérêts de Senoussi, a organisé une première visite secrète de Claude Guéant en Libye, où le directeur du cabinet du Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, a rencontré discrètement le condamné, le 1er octobre 2005. Ce fait est avéré.
Nicolas Sarkozy a ensuite rencontré le « Guide » libyen le 6 octobre 2005, le cas de Senoussi a bien été évoqué, mais le ministre aurait répondu que ce n’était en rien de sa compétence, et les deux hommes n’ont pas été seuls un instant, ce qu’a assez bien démontré Nicolas Sarkozy. Il en déduit que « le pacte de corruption », censé s’être conclu ce jour-là – un financement libyen contre des contreparties, dont la grâce de Senoussi – était une vue de l’esprit.
Episode suivant, Brice Hortefeux, alors ministre des collectivités locales, doit se rendre à son tour en Libye, en novembre 2005, pour une visite qui apparaît assez fumeuse, tant au Quai d’Orsay qu’à l’ambassade de France. Il ne s’y rend finalement que le 21 décembre, et rencontre à son tour discrètement Senoussi chez lui. Pourquoi ce report ? « Parce qu’il n’y avait pas urgence », répond Brice Hortefeux, et qu’il avait des loisirs à la veille de Noël. Le plus troublant, c’est que le report du voyage et ces visites étaient prévus par Ziad Takieddine, dans des notes livrées – certes pour lui nuire –, par son ex-épouse.
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