Qui est réellement Kaïs Al-Abdallah ? Un demandeur d’asile syrien ayant trouvé refuge en Allemagne pour fuir les persécutions de l’organisation Etat islamique (EI) ? Ou un cadre important du groupe djihadiste infiltré en Europe pour y former des cellules dormantes ? La trajectoire nimbée de mystères de ce Syrien de 41 ans diplômé de chimie est digne d’un roman d’espionnage. Sa traque a d’ailleurs librement inspiré un film, Les Fantômes, sorti en salles en juillet 2024.
Si le parcours insaisissable de Kaïs Al-Abdallah a nourri l’imagination des scénaristes, il a aussi alimenté un improbable feuilleton judiciaire. La justice allemande, qui s’est penchée sur son cas pendant plus d’un an, avait finalement classé sans suite son enquête ouverte pour « suspicions d’activités terroristes » en novembre 2016, faute de preuves. Et c’est finalement le travail mené dans l’ombre par un groupe d’activistes syriens en Allemagne, la « cellule Yaqaza », qui l’a conduit devant la cour d’assises spéciale de Paris, où il est jugé depuis le 17 février au procès des geôliers de l’EI.
Après les deux djihadistes français Mehdi Nemmouche et Abdelmalek Tanem, renvoyés pour leur rôle de gardes pendant la séquestration des otages occidentaux de l’EI, Kaïs Al-Abdallah est le troisième et dernier accusé de ce procès à avoir été interrogé, jeudi 13 et vendredi 14 mars. Lui n’est pas accusé d’avoir servi comme geôlier : il est soupçonné d’être un cadre de l’EI possiblement impliqué dans le rapt de deux journalistes français, Nicolas Hénin et Pierre Torres, retenus en otages en Syrie entre juin 2013 et avril 2014.
« Abou Hamza TNT »
Après avoir suivi un cursus de chimie à Raqqa, Kaïs Al-Abdallah est arrivé en Allemagne au moment de la crise migratoire de l’été 2015. Il coulait des jours paisibles en Basse-Saxe et s’était inscrit à la prestigieuse université Georg-August de Göttingen afin de poursuivre ses études de chimie quand un réfugié syrien s’est présenté, le 7 septembre 2015, dans un commissariat de Dortmund pour le dénoncer. Sous la « kounya » (nom de guerre) d’« Abou Hamza Kemawi » (Abou Hamza le chimiste), ou « Abou Hamza TNT », Kaïs Al-Abdallah serait en réalité un membre des services de sécurité de l’EI spécialisé dans les véhicules piégés.
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