Une psychologue a pris la parole ce mardi 24 septembre lors du procès des viols de Mazan.
Elle a décrit le profil psychologique de 6 des 51 hommes accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot, droguée par son mari : dépressifs, impulsifs, consommateurs de drogue ou encore addicts à la sexualité.

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Le procès des viols de Mazan, une affaire emblématique des violences sexuelles et des ravages de la soumission chimique

Le procès des viols de Mazan se poursuit. Ce mardi 24 septembre, la psychologue Annabelle Montagne s’est exprimée pour tenter d’expliquer le « passage à l’acte » des accusés. Narcissisme, dépression, addiction à la sexualité et même absence de maîtrise de la notion de consentement : la spécialiste a livré un constat froid sur six des hommes placés sur le banc des accusés. Gisèle Pelicot, que son mari droguait pour la violer et la faire violer , était présente à l’audience, accompagnée de son fils David.

Le consentement, une notion non maîtrisée

Parmi eux, le plus jeune, Joan K., 22 ans au moment des faits. Consommateur chronique d’alcool et de cannabis, dépressif, impulsif et solitaire, il a eu besoin au cours de sa vie du soutien de ses compagnes et de l’armée – il s’y est engagé à 18 ans – pour faire face à des « angoisses potentiellement envahissantes », a expliqué la psychologue. « Et de celui de Dominique Pelicot ? », le mari de Gisèle, qui faisait venir des hommes recrutés sur Internet, lui a demandé le président de la cour, Roger Arata. « Sa capacité à se penser lui-même n’est pas très élaborée », a répondu l’experte.

« Je n’allais pas pour violer une dame », a affirmé Joan K., en reconnaissant qu’il ne maîtrisait pas à l’époque la notion de consentement . Comme pour chacun des accusés, Dominique Pelicot a assuré au contraire lui avoir expliqué, comme aux autres, qu’il cherchait quelqu’un « pour abuser de sa femme, droguée par (ses) soins ».

« Un mécanisme de défense » qui « permet de passer à l’acte »

Fabien S., 39 ans, deuxième cas examiné, est décrit comme réfractaire à l’autorité et adepte des pratiques sado-masochistes. Quant à Husamettin D., 43 ans, il a une personnalité qui « s’oriente autour d’une faille narcissique, due à une enfance marquée par la misère socio-économique et un rejet de son père ». Il a développé une « addiction » à la sexualité qui constitue une manière de « lutter contre un vide interne et un risque d’effondrement narcissique », a indiqué la psychologue.

Ont-ils pour point commun d’avoir construit un « clivage » entre vie publique et vie sexuelle, un « mécanisme de défense » qui leur « permet d’exister ? », lui a demandé Béatrice Zavarro, l’avocate de Dominique Pelicot , qui présentait lui-même cette double-face. « Oui, à de divers degrés, c’est un même mécanisme qui permet de passer à l’acte », a répondu Annabelle Montagne, en soulignant toutefois la nécessité « d’individualiser » les comportements.

Ce mercredi, la cour devrait interroger dans la matinée Husamettin D. et Mathieu D., 53 ans, et si elle en a le temps Fabien S., avant d’entendre le rapport de l’expert psychiatre Laurent Layet sur le cas des six accusés examinés cette semaine.


I.N avec AFP

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