Avant, Vincent C. était poseur de menuiserie, alcoolique, fumeur de joints, consommateur occasionnel de cocaïne et déjà condamné pour violences conjugales. Aujourd’hui, il a 43 ans et comparaît détenu devant la cour criminelle du Vaucluse au procès des viols de Mazan. Dans l’ordinateur de Dominique Pelicot, deux fichiers ont été ouverts à son nom, « nuit du 27 10 19 avec vincent 30ans » et « nuit du 11 01 20 avec vincent ».

Mercredi 9 octobre, Vincent C. a d’abord été interrogé sur sa personnalité et il a été très ému en évoquant la mort brutale de son arrière-grand-mère, devant ses yeux d’enfant de 8 ans. Après, il a été interrogé sur le fond. « Reconnaissez-vous les faits de viols aggravés qui vous sont reprochés ? », lui a demandé le président Roger Arata. « Non », a-t-il répondu.

Le site Coco.fr, pour Vincent C., c’était surtout le samedi soir, quand il rentrait chez lui après la fermeture du bistrot de son village. « Je recherchais des personnes à proximité. Je n’étais pas attiré par les forums, je n’étais pas là pour discuter pendant des heures et des heures. » Avec Dominique Pelicot, dit-il, « ça a été très rapide. Je me suis connecté et, une demi-heure après, le rendez-vous a été pris ». Ça tombait bien, Vincent C. habitait « à cinq minutes de Mazan ». Et puis, dit-il, il n’avait pas eu beaucoup de choix : « C’est pas un supermarché non plus, hein, Coco ! » Gisèle Pelicot se lève et quitte la salle d’audience, en compagnie de la psychologue qui l’assiste tout au long des débats.

La suite figure dans les fichiers de Dominique Pelicot. Dans le premier : « Vincent, pipe forcée », « Moi par devant », « Vincent cunni baise ». Dans le second, trois mois plus tard, « baise et suce Vincent », « baise tournante Vincent et moi ».

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« Où est-ce que j’ai atterri ? »

Interrogatoire du président.

« Est-ce que, à un moment, Madame Pelicot s’est réveillée ?

— Non.

— A-t-elle manifesté quoi que ce soit ?

— Non.

— Etait-elle en mesure de manifester son consentement ?

— Non.

— Quand vous partez, après la première fois, que vous dites-vous ?

— Où est-ce que j’ai atterri ? J’en avais vu des trucs de couple, mais pas des comme ça.

Il précise sa pensée :

— Je me dis : “C’est bizarre”. Je me dis pas : “Ça va pas”.

— Vous ne vous posez pas la question d’avoir un contact avec la dame ?

— Je cherchais un plan cul. Je ne réfléchis pas dans ces moments-là. »

A Me Antoine Camus, l’un des deux avocats de Gisèle Pélicot, qui lui demande de préciser ce qu’il entend par : « Je ne reconnais pas les faits », l’accusé explique qu’il reconnaît les « actes », mais pas les « viols ». « Je n’ai pas eu l’intention de violer Madame. Etre invité par le mari, pour moi, c’est être invité par le couple. Quand le mari me dit : “Elle est allée se coucher, on va la réveiller”, ça m’enlève la question du consentement — Vous ne savez pas que le consentement par procuration n’existe pas ? — Je ne savais pas. » Vincent C. ajoute : « A ce moment-là, je pense avoir plus satisfait le couple que moi. »

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