
Témoin suivant. Dominique Pelicot fait son apparition dans le box des accusés en fin d’après-midi, mardi 7 octobre. Il n’est plus accusé, juste détenu, puisqu’il n’a pas fait appel de sa condamnation à vingt ans de prison ferme en première instance, et purge sa peine à l’isolement dans un établissement du sud de la France. Ses seules visites sont celles de son avocate Béatrice Zavarro – « Je l’en remercie » –, ses seules activités sont la lecture et l’écriture – « C’est tout ce que j’ai, c’est ce qui m’aide à survivre. »
A première vue, Dominique Pelicot est toujours Dominique Pelicot : une silhouette massive et esquintée. Il s’assoit péniblement en s’aidant de sa béquille, semble d’abord fragile, mais retrouve rapidement, face au micro, l’assurance et la morgue observées pendant quatre mois au procès d’Avignon. Pendant une heure, ce témoin particulier distille à nouveau sa parole visqueuse, salissante, légèrement toxique, dont on a mis si longtemps à se décontaminer. Sa voix nous replonge dans le marécage.
Aux jurés de la cour d’assises du Gard, il raconte le processus des viols de Mazan, depuis les trois comprimés de Temesta 2,5 mg réduits en poudre et dilués dans le verre de vin ou l’écrasé de pommes de terre de Gisèle Pelicot – trois heures pour faire effet, dix heures d’inconscience – jusqu’aux lingettes utilisées pour la toilette intime de son épouse une fois les violeurs nocturnes repartis.
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