
Au moins 75 personnes ont été tuées, vendredi 19 septembre, dans une attaque de drone des forces paramilitaires sur une mosquée dans un camp de déplacés près d’El-Fasher, au Darfour, dans l’ouest du Soudan, où elles poursuivent leur offensive pour chasser l’armée régulière, selon des secouristes locaux.
Chef-lieu du Darfour du Nord, El-Fasher est la dernière grande ville de la vaste région du Darfour encore sous le contrôle de l’armée soudanaise, plus de deux ans après le début de la guerre entre les forces régulières et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Si la ville devait tomber, les FSR contrôleraient totalement le Darfour, où l’Organisation des Nations unies (ONU) et les organisations non gouvernementales (ONG) ont déjà dénoncé des exactions de masse, notamment contre certains groupes ethniques.
L’attaque meurtrière des FSR a visé, vendredi, le camp de déplacés d’Abou Chouk, surpeuplé et en proie à la famine, selon la cellule d’urgence du camp. Un « drone explosif » a pris pour cible une mosquée où étaient rassemblés des déplacés ; « les corps ont été retirés des décombres », a expliqué ce groupe de secouristes locaux. Les FSR n’ont pas commenté dans l’immédiat.
Aide humanitaire presque inexistante
Le camp se situe à quelques kilomètres de la ville d’El-Fasher, assiégée par les FSR depuis dix-huit mois. Pour l’heure, l’offensive des FSR se poursuit et les paramilitaires se rapprochent de sites stratégiques, selon des images satellites du Humanitarian Research Lab de l’université Yale, aux Etats-Unis.
Parmi eux, le camp d’Abou Chouk et l’ancienne base de la mission de paix conjointe de l’ONU et de l’Union africaine (Minuad), devenue le quartier général de la Force conjointe, une coalition d’anciens groupes rebelles alliée à l’armée soudanaise. Les organisations humanitaires craignent des exactions de masse en cas de prise de la ville par les paramilitaires, en particulier contre les communautés non arabes, comme l’ethnie des Zaghawa, pilier de la Force conjointe.
Assiégée depuis plus de cinq cents jours par les paramilitaires, El-Fasher abrite environ 260 000 civils, dont la moitié sont des enfants, selon les Nations unies. L’aide humanitaire y est presque inexistante.
La guerre déclenchée en avril 2023 a tué des dizaines de milliers de personnes dans le pays et des millions de personnes ont dû être déplacées.