Les jours passent, mais la tension reste vive au sein de la rédaction de Télégramme, quotidien breton diffusé chaque jour à plus de 161 000 exemplaires. Nombre de journalistes témoignent de leur « malaise » depuis la publication, le 25 mai, d’un éditorial titré « Stop à l’agit-prop anti-Bolloré ». Ce texte critiquant les manifestations autour des propriétés finistériennes de Vincent Bolloré qui « contribue au pluralisme des idées dans un pays longtemps soumis à une certaine doxa médiatique » est signé Hubert Coudurier, directeur de l’information du titre dirigé par la famille Coudurier depuis la Libération.

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La Société des journalistes de Télégramme (SJT) qui prétend porter la voix de la moitié des 220 rédacteurs de l’entreprise, dénonce un éditorial « trompeur ». Dans une communication rendue publique, le 27 mai, la SJT reproche à Hubert Coudurier d’omettre de préciser sa collaboration à CNews, télévision appartenant à Vincent Bolloré. Surtout, l’organisation dénonce un « parti-pris » qui « tranche avec la tradition de Télégramme (…) qui a toujours refusé de s’inscrire dans un courant politique ».

Cet éditorial crispe d’autant plus qu’il fait suite à d’autres prises de position conservatrices d’Hubert Coudurier. Avant les législatives de juin 2024, le directeur de l’information écrivait, par exemple, au sujet de Marine Le Pen : « Son parti n’a plus rien de fasciste (…), ni de raciste, l’antisémitisme ayant basculé du côté de l’islamo-gauchisme. »

Un « clivage entre générations »

En Bretagne, région historiquement consensuelle où l’extrême droite progresse moins vite qu’ailleurs, les billets d’Hubert Coudurier détonnent. Lui qui répète volontiers avoir voté François Mitterrand puis Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy assume un intérêt pour Marine Le Pen et le Rassemblement national, sujets de son prochain ouvrage après celui consacré à Valérie Pécresse (La Guerrière, L’Archipel), paru avant l’élection présidentielle de 2022. « La société bouge. Le paysage politique est mouvant. Nous ne pouvons pas rester figés sur l’héritage démocrate-chrétien breton », insistait le 31 mai le directeur de l’information de Télégramme.

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