Les éleveurs de moutons bretons subissent des vols à répétition.
Ils déposent plainte pour la forme, mais les auteurs ne sont presque jamais appréhendés.
Certains éleveurs s’organisent pour tenter d’endiguer le phénomène.

Suivez la couverture complète

Le WE

À peine croyable, la vidéo de cet homme déambulant dans les rues de Rennes avec un bélier sur le dos qu’il venait de dérober avait fait le tour des réseaux sociaux en septembre. Elle a surtout mis en lumière un phénomène malheureusement bien connu des agriculteurs du coin : le vol d’ovins . 

Matthieu Pirès, l’éleveur qui met à disposition ses bêtes pour entretenir les pelouses du parc du Landry, au pied d’un quartier de la préfecture d’Ille-et-Vilaine – là où broutait le bélier chapardé – a déjà subi 700 vols de ce type en l’espace de 12 ans. « C’est assez sidérant, il n’y a plus de limite au vol, souffle-t-il en revoyant la vidéo. « Ce qui est étonnant, c’est avec quelle tranquillité il peut se promener avec un mouton en ville en ayant conscience de ne pas risquer grand-chose. » 

Des éleveurs résignés

Comme à chaque fois, Matthieu a déposé plainte, mais sans espoir de résultat, comme il le confie dans le reportage de TF1 ci-dessus. « Aucune des plaintes qu’on a pu faire n’a abouti. On déclare systématiquement nos boucs, mais on n’a retrouvé aucune trace d’eux dans un abattoir officiel ou un marchand de bestiaux officiel. On est sur des gens qui savent très bien se passer de la filière légale. »

Un préjudice financier et moral

Ces vols ne sont pas cantonnés à Rennes ou à l’Ille-et-Vilaine. En centre-Bretagne, plusieurs éleveurs en ont été victimes. L’un d’entre eux, Pierre-Yves Mahé, a par exemple perdu 24 moutons au mois d’avril. Selon lui, c’est la viande des ovins qui est recherchée pour être consommée ou revendue. Lui et son épouse ont d’ailleurs retrouvé les peaux de leurs animaux à cinq kilomètres de leur exploitation. 

« C’est du travail de pro, raconte Pierre-Yves. Il n’y avait pas un gramme de viande de perdu. » Assuré, il a reçu des indemnités pour compenser ces vols, mais il estime le manque à gagner à près de 3.000 euros. « Il y a le préjudice financier, mais aussi le préjudice moral et cela n’a pas de prix. On ne fait pas ce métier pour se faire voler.« 

La gendarmerie locale dit recevoir trop peu de plaintes pour faire des vols de moutons une priorité. En Loire-Atlantique, à une centaine de kilomètres de là, les éleveurs se sont organisés. Ils échangent notamment sur une messagerie commune et ont investi dans des outils de dissuasion. « Ces investissements sont onéreux et pour les amortir, c’est difficile » tempère Maxime, membre du « Collectif des éleveurs pillés ». 

Un collectif qui regroupe aujourd’hui une quarantaine d’éleveurs dans le département et le nombre fait aussi qu’ils sont plus écoutés. Les gendarmes ont depuis mis en place un dispositif de surveillance renforcé, notamment lors des pics de vols pour les fêtes religieuses de Pâques ou de l’Aïd. Avec des résultats encourageants puisque depuis cinq ans, les vols de moutons ont fortement diminué en Loire-Atlantique. Les éleveurs craignent cependant que les malfaiteurs se soient déplacés dans les départements voisins.


La rédaction de TF1info | Reportage : M. Giraud, M. Modicom, N. Hesse

Partager
Exit mobile version