Dans les années 1930, le sociologue australien Elton Mayo souligne l’« importance des facteurs d’ambiance et relationnels sur le rendement ». Il « introdui[t] ainsi une détermination de l’efficience productive par des facteurs sociaux qualitatifs et plus ou moins subjectifs », explique Sylvain Leduc, maître de conférences en ergonomie et en psychologie du travail. C’est là l’un des actes de naissance du concept de qualité de vie au travail (qui n’en a alors pas encore le nom), auquel l’universitaire vient de consacrer un ouvrage (La Qualité de vie au travail, PUF, 128 pages, 10 euros).

La recherche autour de la qualité de vie au travail (QVT) se développe ainsi à la faveur d’un constat : conditions de travail des salariés et performances économiques de l’entreprise sont liées. Un impact qui sera confirmé par de nombreuses études à travers le temps, assure M. Leduc. Au fil des travaux menés, les scientifiques mettront également en évidence d’autres incidences positives de la QVT, en particulier la « satisfaction des travailleurs et [leur] santé ».

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Qu’est-ce qui a suscité l’intérêt pour la notion de qualité de vie au travail ? Quelles mutations économiques et sociétales en ont favorisé l’émergence ? Comment a-t-elle pris place dans la recherche, puis dans la réglementation et, finalement, au sein des organisations ? A travers son ouvrage, dans lequel il dresse un panorama complet de la QVT (repères contextuels, fond théorique, méthodologies déployées en entreprise…), M. Leduc propose d’en explorer les fondements. Manière, également, de comprendre sa complexité et la diversité des champs qu’elle peut couvrir (participation à la prise de décision, autonomie, diversité des tâches, avantages sociaux…).

Se tenir à distance des « actions périphériques »

Son ouvrage met notamment en évidence un élément contextuel majeur : la montée des risques professionnels à partir des années 1970. En cause, une multitude de facteurs : « nouvelles pénibilités » (développement des horaires atypiques…), intensification du travail, qui « réduit les marges de manœuvre nécessaires à chacun pour trouver “sa” façon de travailler efficacement », « accentuation des contraintes temporelles » favorisant les risques psychosociaux (RPS)…

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