
Rocio Molina est déjà sur le plateau avant que la représentation ne commence. Tenue de sport, chignon haut serré, elle enchaîne pompes, gainage, abdos… Elle sera la dernière à quitter la salle, les cheveux en bataille, emportée par ses frappes de pieds frénétiques qui semblent ne plus vouloir s’arrêter. Entre-temps, la danseuse et chorégraphe aura effectué dans sa nouvelle pièce, Calentamiento (« échauffement »), un tour de force, tant physique que technique et théâtral, jetant par-dessus son jupon à volants la beauté, les clichés tout en restant impérieusement flamenca.
Créé le 15 novembre au Centre de danse Matadero, devant un public de fans et d’experts emballés où l’on repérait le cinéaste Pedro Almodovar, le spectacle sera en tournée à partir du 26 novembre où il se pose pour deux soirs au Théâtre de Nîmes, dont Rocio Molina, 41 ans, est artiste associée jusqu’en 2027. Au regard de sa Trilogía sobre la guitarra (2020-2021), hommage rigoureux au duo danse-musique, Calentamiento se révèle composite et déstabilisant comme le laboratoire esthétique d’une chercheuse qui veut soudain faire péter la maison. Il dresse un autoportrait cubiste dont les séquences disparates sont autant d’éclats d’un esprit sous pression follement déraisonnable.
Il vous reste 76.13% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

