
Au moment de se lancer dans la préparation d’un documentaire, Gianfranco Rosi aime à se laisser guider par le hasard. Partir d’une page blanche ou presque. « Tout ce que j’écris doit pouvoir tenir sur une boîte d’allumettes », explique le réalisateur italien à l’imposante carrure, âgé de 61 ans, attablé un mardi de novembre au bar d’un hôtel parisien. A partir de ce maigre point de départ, les rencontres et sa longue immersion dans des territoires spécifiques l’aident à construire des films qui prennent la forme de puzzles surprenants dont on ne comprend le sens profond qu’au fur et à mesure de l’agencement des différentes pièces.
Pour son nouveau long-métrage, Pompei, sotto le nuvole, prix spécial du jury à la Mostra de Venise en septembre, Gianfranco Rosi voulait saisir quelque chose du passage du temps et de la mémoire. Après plusieurs années passées à arpenter Naples et ses environs, le film relie entre autres un centre d’appels d’urgence, des Japonais occupés à fouiller Pompéi, Titti, un homme qui aide de jeunes élèves à faire leurs devoirs, des vestiges abandonnés ou encore un marin syrien qui a fui la guerre pour finir sous le feu des bombardements russes à Odessa, en Ukraine, à bord d’un navire de marchandises.
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