D’après le neuroscientifique Paul D. MacLean, nous aurions trois couches de cerveau.
La partie la plus ancienne, le cerveau reptilien, serait responsable de nos comportements primitifs.
Ce concept, déconsidéré par la communauté scientifique, trouve toujours un ancrage dans le secteur du développement personnel.

Selon une ancienne théorie conceptualisée par le neuroscientifique Paul D. MacLean dans les années 1960, une partie de notre cerveau serait à l’origine de nos comportements et réflexes primitifs : le cerveau reptilien. Ce serait sa faute si nous nous énervons au volant ou que nous prenons peur devant un animal sauvage. Cette théorie est souvent « utilisée dans les ouvrages de développement personnel, par des publicitaires se targuant de cibler la part reptilienne de notre cerveau pour vendre leurs produits« , souligne l’Inserm. Toutefois, ce concept ne repose sur aucun fondement scientifique. Elle relève tantôt de la croyance populaire, tantôt de l’imposture.

Un cerveau, trois couches

Selon la théorie de Paul D. MacLean, notre cerveau serait « triunique », c’est-à-dire qu’il posséderait trois couches. « Chacune se serait développée à des moments différents, et correspondrait à une étape de l’évolution de l’espèce humaine et chacune contrôlerait un aspect spécifique de nos comportements« , détaille l’Inserm pour expliquer cette théorie. La plus ancienne, le cerveau reptilien, serait donc hérité… des ancêtres reptiliens et aurait conservé les comportements primaires. Les deux autres parties se seraient, elles, développées et devenues le siège des émotions et de la cognition. Le neuroscientifique s’est inspiré des travaux de Freud sur le « moi », le « surmoi » et le « ça » pour ses représentations du cerveau. Pour le sociologue Sébastien Lemerle, interrogé par France Culture, « cette théorie, quand elle a été proposée, les commentateurs s’y sont tout de suite retrouvés : elle répondait miraculeusement à des questions qu’on se posait de toute éternité sur le mal, le pouvoir, le malaise dans la culture« . Et d’ailleurs, comme le souligne l’Inserm, la théorie du cerveau reptilien a longtemps été considérée comme valide par une partie de la communauté médicale.

Une théorie fausse reprise par le secteur du développement personnel

L’Inserm rappelle qu’il « est incorrect de dire que le cerveau a évolué par étapes successives, avec ajout de nouvelles ‘couches’ plus complexes, au cours du temps » et précise que « le cerveau humain n’est pas constitué de structures complexes superposées à un ‘cerveau de reptile’ au fonctionnement moins complexe : il se compose plutôt de structures homologues à celles des autres vertébrés, mais différentes par leurs tailles relatives et par certains aspects de leur organisation« . Toutes les zones de notre cerveau sont interconnectées et nos comportements ne sont pas régis par une zone de manière autonome, au contraire l’ensemble du cerveau est impliqué même lorsqu’il s’agit de pulsion ou d’émotion. « Il apparaît aujourd’hui que la théorie des trois cerveaux de MacLean, même si elle s’accorde avec certains principes freudiens, repose sur des notions fausses de l’anatomie du cerveau, de son fonctionnement et de la façon dont il a évolué d’une espèce à l’autre au fil des millions d’années« , souligne par ailleurs Pierre-Yves Risold, chargé de recherche à l’Inserm auprès du magazine Cerveau et Psycho. Et si aujourd’hui, la communauté scientifique a largement débunké la théorie du cerveau reptilien, elle retrouve une nouvelle vie dans le secteur du développement personnel où nombre d’ouvrages vous apprennent à « conquérir votre crocodile intérieur ».

Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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