Disons-le d’emblée, le discours de politique générale de François Bayrou, mardi 14 janvier, fut peu enthousiasmant et bien trop général. Et si le « centrisme mou » a échappé aux fourches caudines de la censure, ce n’est peut-être pas pour longtemps. Dans un monde où le président sortant des Etats-Unis, Joe Biden, met en garde contre l’avènement d’une « oligarchie », le premier ministre a cependant repris l’une de ses « vieilles marottes » qui, pour être ancienne, n’en est pas moins bonne : la « banque de la démocratie ». Car si la France n’est pas les Etats-Unis, le financement de notre démocratie souffre d’un certain nombre de faiblesses intrinsèques à ses modalités, ouvrant la voie à une capture du débat public par les plus favorisés.

Le prix de la démocratie, c’est d’une part les dépenses des partis et de l’autre celles des candidats lors de leurs campagnes électorales. Les premières sont prises en charge de façon privée par les dons, les cotisations et autres contributions, et de façon publique par les avantages fiscaux auxquels ouvrent droit ces dons, ainsi que par les financements publics « directs », dont le montant dépend des résultats obtenus aux législatives et du nombre de parlementaires. En ce qui concerne les dépenses des campagnes électorales, les candidats ayant recueilli plus de 5 % des voix au premier tour peuvent obtenir le remboursement de leurs dépenses personnelles à hauteur de 47,5 % du plafond de dépense. C’est là qu’intervient la « banque de la démocratie ». Alors banco pour celle-ci, mais pas à n’importe quelles conditions !

Car le mode de financement actuel – basé sur le remboursement de dépenses, qu’il faut donc avancer – pose plusieurs difficultés. Pour commencer, il entraîne une sélection très forte des candidats – notamment aux élections locales s’ils se présentent sans étiquette – entre d’une part ceux qui ont les moyens d’avancer leurs dépenses de campagne sur leurs fonds propres ou d’obtenir un prêt de leur banque – en présentant des garanties financières suffisantes – et d’autre part tous les autres. C’est-à-dire la plupart des Français, qui ne possèdent pas de patrimoine, ont des revenus modestes et auxquels une banque refusera de prêter l’équivalent des montants donnant pourtant lieu à remboursement.

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