• Après le 7 octobre 2023, les Israéliens se sont très rapidement rassemblés autour d’un objectif commun : défendre leur pays et retrouver les otages.
  • La fracture est désormais visible entre ceux qui réclament la fin de la guerre, et ceux qui défendent une stratégie militaire jusqu’au-boutiste.
  • Dans ce grand reportage, les équipes de TF1 se sont rendues sur place pour prendre le pouls de cette société israélienne divisée comme jamais.

Suivez la couverture complète

Israël et le Hamas en guerre

C’est devenu un rituel qui peut paraître choquant. Tous les jours, sur une colline dominant la ville israélienne de Sdérot, à un kilomètre de Gaza, de jeunes Israéliens se réunissent pour observer les bombardements sur l’enclave palestinienne ou contempler la guerre qui sévit juste en face depuis deux ans faisant des dizaines de morts quotidiennement. Pour seulement cinq shekels, soit un peu plus d’un euro, des jumelles permettent même de voir les frappes dans le détail. 

« Ça, c’était notre holocauste, vous comprenez », montre un habitant, dans le reportage ci-dessus. Avant de poursuivre : « Et vous tous dans le monde qui ne l’acceptez pas, c’est incompréhensible pour nous. On va se défendre nous-mêmes. S’ils veulent la paix, ils n’ont qu’à mettre leurs armes par terre, nous rendre les otages et nous laisser reconstruire Gaza pour vivre en paix. En attendant, ne nous sous-estimez pas. Jamais », martèle-t-il. La tension est perceptible dans ce lieu. Tout à côté, ce mardi après-midi, c’est un groupe de touristes russes qui écoutent le guide armé expliquer que ce promontoire est devenu le premier mémorial dédié aux massacres du 7 octobre 2023. 

Il y a 2 millions de Gazaouis qui existent. À mon avis, c’est un grave problème. Maintenant, je ne peux pas décider pour eux comment ils veulent vivre avec nous

Patrick Cohen, habitant du kibboutz de Nir Am

Deux ans après, le sentiment d’insécurité est omniprésent dans cette région à proximité de la bande de Gaza. Les reporters de TF1 se dirigent à présent plus au sud vers le kibboutz de Nir Am, avec l’un de ses habitants, Patrick Cohen, qui est revenu y vivre il y a six mois. « Toute la zone est sous le contrôle de l’armée. Beaucoup de gens ont été assassinés et il y a encore deux personnes qui sont capturées à Gaza », dit-il. Une fois arrivé, l’ambiance semble bucolique à première vue dans cette communauté où vivaient plutôt des familles progressistes, humanistes avant le 7-Octobre. Mais tout a changé. 

Patrick nous confie qu’il a perdu son fils, assassiné dans le festival de musique Supernova. « Il faut trouver une solution avec la bande de Gaza », commence-t-il, avant de s’interrompre. Le bruit d’une explosion retentit. « C’est un tir de l’armée israélienne. C’est comme ça tout le temps, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Beaucoup de gens ont des aides psychologiques, même les enfants, les personnes âgées », explique-t-il. Après ce drame du 7-Octobre, s’imagine-t-il un jour vivre à nouveau en paix avec la bande de Gaza à côté ? « Il y a 2 millions de Gazaouis qui existent. À mon avis, c’est un grave problème. Maintenant, je ne peux pas décider pour eux comment ils veulent vivre avec nous », souligne-t-il.

On veut la paix, mais on veut la paix avec des gens normaux, pas avec ceux qu’on a en face

Une habitante de Tel-Aviv

Comment ils veulent vivre avec nous ? C’est la question que se posent tous les habitants de ce kibboutz. Comme Laurence qui se promène avec ses enfants dans sa voiture électrique. « J’ai peur qu’il y ait encore un 7-Octobre. Il y a encore la guerre, c’est pas fini », déplore-t-elle. Quant à savoir si elle souhaite la paix. « Non, jusqu’à ce que le Hamas soit kaput et que tous les otages sortent. Pas un et deux et trois, c’est tous ensemble », rétorque-t-elle. Sur la route, l’équipe de TF1 croise les portraits des otages toujours captifs à Gaza. 

Pendant ce temps-là, à Tel-Aviv, les habitants sont à la plage. Mais après deux ans de guerre et malgré les critiques de la communauté internationale sur le désastre humanitaire à Gaza, de nombreux Israéliens soutiennent la stratégie belliciste de leur gouvernement. « On passe pour les méchants alors qu’à la base, c’est nous qui avons été attaqués le 7-Octobre, c’est nous qui avons vécu ce pogrom. Je crois que les gens l’oublient. C’est vraiment la base, c’est le début du conflit », lance une mère de famille. Sa voisine acquiesce : « J’ai quatre enfants, j’ai une fille qui a 17 ans, qui part à l’armée dans un an. Est-ce que sincèrement, on pense qu’on est contents de donner nos enfants qui vont peut-être mourir ? Ce n’est pas vrai. On veut la paix, mais on veut la paix avec des gens normaux, pas avec ceux qu’on a en face », insiste-t-elle. 

Mon père était un survivant de l’Holocauste. On m’a toujours dit de ne plus jamais faire revivre ça, à personne, pas seulement aux Juifs

Amir, pacifiste israélien

Notre équipe poursuit sa route jusqu’à Jérusalem. Au marché Yehuda ce mardi matin, les soldats chantent et dansent pour la victoire d’Israël, mais dans la vieille ville, les touristes se font rares. Trop de tensions avec la Cisjordanie voisine, celle que rêve d’annexer la branche extrémiste suprémaciste du gouvernement de Benyamin Netanyahou. Des Israéliens pacifistes s’opposent à cette annexion. Les journalistes de TF1 en suivent deux qui se rendent dans la vallée du Jourdain. Là, une colonie sauvage s’est implantée il y a quelques mois tout autour du village de Duma où se trouve une communauté de bergers. 

Cette bergerie est harcelée quotidiennement par des jeunes colons israéliens arrogants. Un berger nous explique qu’ils ont même coupé un câble d’électricité la nuit dernière. « Il n’y a plus d’électricité, plus rien », se désole-t-il, alors que des colons arrivent à bord de leur buggy. Les pacifistes tentent de s’interposer et de les repousser. Les colons envoient alors un drone d’observation qui se positionne juste au-dessus de la bergerie, devant le groupe de pacifistes impuissants. 

Parmi eux, Amir témoigne : « Mon père était un survivant de l’Holocauste. On m’a toujours dit de ne plus jamais faire revivre ça, à personne, pas seulement aux Juifs », affirme-t-il. Gali, une autre pacifiste, argue de son côté qu’elle se sent obligée d’être ici, avec les Palestiniens. « Je sais que je ne peux pas faire grand-chose pour les aider, mais je resterai là jusqu’à ce que l’armée nous expulse », se résigne-t-elle. 

Depuis un an, les colonies israéliennes se multiplient en Cisjordanie. Le gouvernement israélien laisse faire, rendant presque impossible désormais une coexistence pacifique entre les deux peuples. 

V. F | Reportage TF1 : Liseron BOUDOUL et Loïc GORGIBUS

Partager
Exit mobile version