La situation humanitaire à Gaza continue de se dégrader, avec des journalistes et des civils pris au piège. La France demande que la presse « puisse accéder à Gaza pour montrer » ce qu’il se passe dans le territoire en danger de famine, après vingt et un mois d’offensive, a déclaré mardi 22 juillet le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot.

Lire aussi | En direct, Gaza : le chef de l’ONU dénonce « l’horreur » et « le niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l’histoire récente »

« Nous avons l’espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines », a dit le ministre sur France Inter, interrogé sur le cas de plusieurs collaborateurs de l’Agence France-Presse (AFP) sur place qui se trouvent dans « une situation effroyable », selon la direction de l’agence. « Nous y consacrons beaucoup d’efforts », a assuré le ministre, qui s’exprimait de l’est de l’Ukraine où il est en déplacement.

« Depuis des mois, nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie. Leur situation est aujourd’hui intenable, malgré un courage, un engagement professionnel et une résilience exemplaires », affirmait un communiqué de l’AFP lundi, tandis que la Société des journalistes (SDJ) alertait du risque de les « voir mourir ».

« Aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim »

Les appels internationaux se multiplient pour garantir la sécurité des professionnels de l’information et permettre une couverture indépendante du conflit. Selon l’ONG Reporters sans frontières (RSF), « plus de 200 [journalistes gazaouis] ont été tués par l’armée israélienne depuis octobre 2023, dont au moins 46 dans l’exercice de leur fonction ». RSF a de nouveau appelé mardi à « lever le blocus » et « ouvrir immédiatement les frontières aux journalistes ».

« Depuis que l’AFP a été fondée, en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim », rappelait la SDJ de l’AFP lundi.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés De Gaza à Amman, le récit du sauvetage sous haute tension des archives familiales de l’UNRWA

« Parce que la liberté de la presse et le droit d’informer sont aussi des piliers de nos démocraties, a, de son côté, déclaré la commissaire européenne chargée de la gestion des crises, Hadja Lahbib. Israël doit laisser la presse faire son travail et garantir son accès. Les journalistes et les civils ne peuvent pas, et ne doivent pas, être des cibles ».

L’Organisation des Nations unies (ONU) et des ONG font régulièrement état d’un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé par Israël après plus de vingt et un mois de conflit, déclenché par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Israël accuse le Hamas d’instrumentaliser la souffrance des populations dans l’enclave. « Au lieu d’accepter un cessez-le-feu, le Hamas mène une campagne de propagande mensongère sur Israël. Parallèlement, il agit délibérément pour accroître les tensions et nuire aux civils qui viennent recevoir l’aide humanitaire », a écrit lundi le ministère des affaires étrangères israélien sur le réseau social X. « Le Hamas est le seul responsable de la poursuite de la guerre et des souffrances des deux camps », selon le ministère.

« La famine frappe à toutes les portes »

Alors que vingt-cinq pays, dont la France, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon ont appelé à mettre fin « immédiatement » à la guerre dans une déclaration commune lundi, l’armée israélienne a étendu le même jour son offensive dans un nouveau secteur de la bande de Gaza, à Deir Al-Balah et entend agir dans des zones où elle n’était jamais allée ces vingt et un derniers mois, sommant les habitants d’évacuer les lieux.

Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme a alerté sur le risque « extrêmement élevé » de violations graves du droit international provoquées par cette extension. La défense civile de Gaza a par ailleurs annoncé que des frappes israéliennes avaient fait 15 morts mardi.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « C’est le meilleur spectacle en ville » : sur le promontoire de Sdérot, la vue imprenable et sinistre sur les bombardements de Gaza

M. Barrot a également condamné mardi « avec la plus grande fermeté » cette « déplorable » extension de l’offensive israélienne, « qui va aggraver une situation déjà catastrophique ». « Il n’y a plus aucune justification aux opérations militaires de l’armée israélienne à Gaza », a-t-il dit. La France appelle au « cessez-le-feu immédiat, à la libération de tous les otages du Hamas, qui doit être désormais désarmé, et à l’accès sans aucune entrave de l’aide humanitaire à Gaza ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a également fustigé mardi « l’horreur » dans la bande de Gaza, où les morts et les destructions ont atteint un niveau « sans équivalent dans l’histoire récente ». « La famine frappe à toutes les portes », a-t-il dit : « Et maintenant, nous assistons à l’agonie d’un système humanitaire fondé sur des principes humanitaires. »

L’ONG Handicap International a également alerté sur la situation des travailleurs humanitaires « à bout de forces ». « Privés de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant, ils peinent à poursuivre leurs activités essentielles », dit-elle dans un communiqué. « sans réponse immédiate, c’est l’ensemble de la chaîne d’aide humanitaire qui risque de s’effondrer ».

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version