- La mairie de Paris organise lundi un scénario fictif auquel des habitants du Marais vont participer : dans cet exercice, le fleuve parisien aura franchi les 7,10 mètres.
- Des simulations d’évacuations sont prévues, pour apprendre plus largement les « comportements à adopter en cas de montée des eaux ».
- Lors de la dernière crue centennale, en janvier 1910, le niveau du fleuve avait atteint 8,62 mètres au pont d’Austerlitz.
Caves inondées, transports à l’arrêt, électricité coupée, évacuations par milliers… Paris va jouer lundi 13 octobre le scénario d’une crue majeure de la Seine, comme celle de 1910, pour sensibiliser les habitants à ce type de catastrophe probable (nouvelle fenêtre). L’inondation représente en effet le premier risque naturel qui menace la capitale, où un débordement du fleuve pourrait toucher jusqu’à 700.000 personnes, a exposé à la presse Pénélope Komitès, adjointe en charge de la résilience à la mairie de Paris, organisatrice de cet évènement.
L’exercice en « conditions réelles »
, sur le modèle de
« Paris à 50 degrés »
en 2023 (nouvelle fenêtre) qui mettait cette fois en scène un « dôme de chaleur
« , projettera des habitants du quartier du Marais un matin de mars 2026. Selon ce scénario, baptisé « Paris inondé »
, le fleuve parisien déborde déjà depuis deux mois mais a franchi dans la nuit les 7,10 mètres sous l’effet d’un épisode orageux. Des centaines de milliers de personnes doivent être évacuées, le métro est inondé, le gaz et l’électricité coupés, les égouts menacent de déborder et la pénurie alimentaire pointe.
« Une crue exceptionnelle » peut toucher « tous les quartiers »
L’objectif est de permettre « à des Parisiennes et Parisiens de connaître les comportements à adopter en cas de montée des eaux »
, explique la municipalité dans un communiqué (nouvelle fenêtre). Une soixantaine de participants, dont une classe de CM2, se livreront à un jeu de rôles tout au long de la journée, qui démarrera par une simulation d’évacuation d’un immeuble vers l’Académie du climat, transformée en centre d’accueil et de regroupement. La préfecture de police organise en parallèle un exercice à l’échelle de l’Ile-de-France, « Hydros 2025 »
, pour anticiper une évacuation.
La dernière crue centennale, qui a une chance sur cent de se produire par an, remonte à janvier 1910 (nouvelle fenêtre), quand le fleuve avait atteint 8,62 mètres au pont d’Austerlitz (nouvelle fenêtre), paralysant la ville pendant plusieurs semaines. Un record inégalé pour l’heure. Deux crues récentes de la Seine, en 2016 et 2018, ont néanmoins permis « d’avoir une bonne idée de ce qu’il peut se passer jusqu’à 7 mètres. Au-dessus, on rentre dans la science-fiction »
, explique Ziad Touat, responsable de la société Crisotech, conceptrice du scénario qui se jouera lundi, à l’occasion de la journée nationale de la résilience.
Contrairement aux crues torrentielles qui frappent le Midi, la lente montée des eaux caractérisant les inondations de la Seine (nouvelle fenêtre) limite le danger immédiat, analyse de son côté Ludovic Faytre, spécialiste du risque inondation, dans une note de l’Institut Paris Région (IPR). « Mais l’étendue des surfaces potentiellement concernées (près de 500.000 ha en Île-de-France, ndlr) et l’ampleur des enjeux humains et économiques, à l’échelle d’une agglomération de 10 millions d’habitants »
, rend la gestion de crise si complexe qu’une « culture du risque »
est indispensable, estime-t-il.
relève quant à elle Bénédicte Cadalen, du service de gestion de crise de la Ville de Paris.
« À Paris, beaucoup se croient épargnés parce qu’ils habitent loin de la Seine, ou en hauteur,Sauf qu’une crue exceptionnelle comme celle de 1910 peut affecter tous les quartiers, par effet de cascade. »
Cet exercice s’inscrit plus largement dans une « nouvelle stratégie de résilience »
adoptée à l’automne 2024 par la municipalité, qui « prévoit notamment l’organisation régulière d’exercices de crise de grande ampleur sur le terrain »
, explique la mairie dans son communiqué.