C’est un livre d’une beauté âpre, un scalpel littéraire écurant les plaies d’une âme percutée par la guerre. Si Algérie, 1960. Journal d’un appelé (Grasset, 2024) tranche avec la production éditoriale – abondante ces dernières années – sur la décolonisation algérienne, c’est d’abord et avant tout par la qualité de son écriture. D’une plume à la fois sobre et brûlante, Bernard Ponty, disparu en 2020 à l’âge de 86 ans, documente avec une méticulosité clinique le naufrage de l’innocence du jeune homme en armes qu’il fut, guerroyant à reculons dans les massifs du Constantinois.

Mais c’est aussi par son sauvetage inopiné de l’oubli que cette œuvre prend tout son sens. Dans le face-à-face entre la conscience déchirée de Bernard Ponty et les fantômes de la guerre, une autre histoire, celle d’une famille, s’est glissée pour rassembler les pièces d’un puzzle éclaté. Et élucider au passage l’énigme d’une douleur restée trop longtemps aphone. Voilà un père qui n’avait jamais rien confessé de son combat en Algérie à ses deux filles, Claire et Laurence, alors même qu’il avait mis au propre son journal d’appelé.

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