Le 19 novembre, Christie’s mettra en vente à Paris un objet hors norme, à savoir un des huit exemplaires du calculateur élaboré par Blaise Pascal entre 1642 et 1649.
Cet instrument est la première machine à calculer fonctionnelle de l’histoire de l’humanité. Conscient de l’importance de son invention, Pascal publia, au moment de son dévoilement, un Avis nécessaire à ceux qui auront curiosité de voir la machine arithmétique et de s’en servir, où il rend compte de son enjeu philosophique, des subtilités de sa conception et des difficultés de sa construction. Ses contemporains furent éblouis. Les plus grands savants s’intéressèrent à l’appareil, à commencer par le mathématicien Roberval. Louis XIV accorda à la géniale trouvaille un privilège « dès à présent et à jamais ». La langue commune baptisa l’objet du nom de son inventeur, en parlant couramment de « pascaline ».
A l’origine de l’informatique moderne, l’objet fit de la France le berceau de l’aventure des calculateurs : une révolution qui a transformé notre usage du monde. La pascaline plaça le pays à la tête de la rupture épistémologique de l’âge moderne. Elle constitue un des principaux fleurons du patrimoine intellectuel et technique français.
Pascal souhaitait produire sa machine à grande échelle. La complexité de sa fabrication fit échouer l’entreprise. Il n’existe ainsi que huit pascalines authentiques au monde. Cinq se trouvent en France, dans des collections publiques. Deux sont à l’étranger, également dans des collections publiques. La huitième, la pascaline proposée par Christie’s, appartenait depuis 1942 à une collection privée : c’est la dernière qui sera jamais mise en vente.
Or Christie’s l’a présentée à Paris, mais aussi à Hongkong et à New York, grâce à l’obtention, au mois de mars, avant restauration et avant que la communauté savante internationale soit informée de la vente à venir, d’une autorisation de sortie du territoire, indispensable à l’exportation d’un objet appartenant au patrimoine national.
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