Des manifestants brandissent les portraits de deux des victimes du Bloody Sunday à Londonderry (Royaume-Uni), le 14 mars 2019.

Le procès d’un ancien soldat britannique jugé pour deux meurtres et cinq tentatives de meurtre lors du Bloody Sunday, l’un des épisodes les plus sanglants des trois décennies du conflit nord-irlandais, s’ouvre, lundi 15 septembre, à Belfast. Aucun militaire n’a, jusque-là, été jugé pour ce « dimanche sanglant » du 30 janvier 1972 à Londonderry, ville également connue sous le nom de Derry, quand des parachutistes britanniques ont ouvert le feu sur des manifestants catholiques, faisant 13 morts.

L’armée britannique avait affirmé qu’ils avaient riposté aux tirs de « terroristes » de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), opposée à toute présence britannique sur l’île, une version alors confortée par un rapport réalisé à la hâte.

Malgré tous les témoignages contredisant cette version, il a fallu attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l’innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, parfois en agitant un mouchoir blanc.

Surnommé « soldat F », l’ancien parachutiste jugé à partir de lundi est accusé de deux meurtres, ceux de James Wray et William McKinney, et de cinq tentatives de meurtre, lors de la répression de ce rassemblement. En décembre, il avait plaidé non coupable devant le tribunal de Belfast.

Il était dissimulé derrière un rideau pour garantir son anonymat, qu’il conservera également pendant toute la durée du procès. Cette protection a été accordée par le juge, ses avocats craignant pour sa sécurité.

Des faits « injustifiables »

Une manifestation est prévue à l’extérieur du tribunal, lundi, avant l’ouverture du procès. « Nous avons attendu 53 longues années pour que justice soit faite et, espérons-le, nous obtiendrons satisfaction grâce à ce procès », a déclaré Tony Doherty, dont le père, Patrick, figure parmi les victimes du Bloody Sunday, au média local Derry Now.

Le parquet nord-irlandais avait engagé des poursuites pénales contre le « soldat F » en 2019. Elles avaient ensuite été abandonnées, puis relancées en 2022.

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Le massacre, qui a inspiré la chanson Sunday Bloody Sunday au groupe de rock irlandais U2 en 1983, a poussé de nombreux jeunes catholiques républicains dans les bras de l’IRA. Il s’agit de l’un des moments les plus sombres des trois décennies de « Troubles » qui ont opposé républicains, surtout catholiques, partisans d’une réunification avec l’Irlande, et unionistes protestants, défenseurs de l’appartenance à la Couronne britannique. Il faudra attendre 1998 pour que l’accord de paix du Vendredi saint mette un terme à ce conflit qui a fait environ 3 500 morts.

En 2010, à la suite de la plus longue et de la plus coûteuse enquête publique de l’histoire britannique qui a reconnu l’innocence des victimes, le premier ministre de l’époque, David Cameron, avait présenté des excuses officielles, qualifiant d’« injustifiables » les faits survenus ce jour-là. Depuis la fin du conflit nord-irlandais, seul un ancien soldat britannique a été condamné. Début 2023, une peine de trois ans avec sursis a été prononcée contre David Holden, qui avait tué un homme d’une balle dans le dos à un check-point en 1988. Il avait expliqué avoir tiré par accident parce qu’il avait les mains mouillées.

Le Monde avec AFP

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