Le constructeur aéronautique américain Boeing, qui avait lancé jeudi 23 janvier un avertissement sur résultats, a réalisé en 2024 sa plus lourde perte en quatre ans à cause de problèmes de qualité de sa production, et d’un conflit social. « Bien que l’année ait été difficile, nous constatons des signes encourageants de progrès tandis que nous œuvrons à changer notre groupe », a affirmé Kelly Ortberg, patron de Boeing depuis l’été, dans un message aux employés.

La perte nette annuelle a atteint 11,82 milliards de dollars, contre – 2,22 milliards en 2023. Il s’agit de la plus importante perte annuelle depuis 2020 (– 11,87 milliards), quand le groupe avait subi les conséquences de deux crashs du 737 MAX 8 ayant fait 346 morts. Au total, il a perdu plus de 35 milliards depuis 2019. Le chiffre d’affaires annuel ressort à 66,52 milliards de dollars (– 14 % sur un an).

L’avionneur perçoit, en général, près de 60 % du prix des avions à la livraison. Or il connaît depuis 2023 de nombreux problèmes de qualité, qui ont culminé avec un incident en vol en janvier 2024 sur un 737 MAX 9 livré en octobre. Il a dû établir, contraint par le régulateur de l’aviation civile (FAA), un plan pour remédier à la situation qui a fortement ralenti ses cadences de production. A cela s’est ajoutée une grève de plus de cinquante jours à l’automne qui a paralysé deux usines cruciales (737, 767, 777/777X et plusieurs programmes militaires).

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L’avionneur a dévoilé mi-janvier des livraisons en fort recul, tombant au plus bas depuis 2021 avec seulement 348 avions commerciaux remis à leurs propriétaires en 2024. Pour renflouer sa trésorerie, il a mené fin octobre une énorme augmentation de capital lui ayant rapporté 24 milliards de dollars. Il a également décidé de supprimer 10 % de ses effectifs mondiaux (près de 171 000 employés fin 2023), sans précision géographique.

Selon les déclarations obligatoires aux autorités locales américaines, répertoriées par l’Agence France-Presse, près de 5 000 personnes aux Etats-Unis ont reçu à ce stade notification de leur licenciement.

Des charges exceptionnelles

Au cours du seul quatrième trimestre, le chiffre d’affaires a atteint 15,24 milliards, contre 22,02 milliards un an plus tôt, et la perte nette ressort à 3,86 milliards, contre une perte nette de 23 millions un an plus tôt.

La perte nette par action à données comparables, référence pour les marchés, s’établit à 5,90 dollars, contre une perte nette pro forma de 47 cents un an plus tôt. Il avait annoncé jeudi 23 janvier qu’elle serait de 5,46 dollars.

Il a passé des charges exceptionnelles de 2,8 milliards de dollars avant impôts sur le quatrième trimestre, après 5 milliards enregistrés au trimestre précédent.

A fin 2024, son carnet de commandes portait sur 521 milliards de dollars – stable sur un an.

Concernant l’activité, M. Ortberg a déclaré aux employés que la cadence de production du 787 Dreamliner avait atteint en fin d’année l’objectif des cinq par mois.

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Par ailleurs, selon M. Ortberg, les tests de certification du nouveau gros-porteur, le 777-9, ont repris début 2025. Ils avaient été suspendus en août après la découverte d’une pièce défaillante, mais Boeing a désormais une « bonne maîtrise sur la façon de résoudre » ce problème. Les livraisons de ce biréacteur, qui devaient commencer initialement en 2020, sont attendues pour 2026.

M. Ortberg a précisé que la branche aviation commerciale (BCA) allait aussi se concentrer sur la certification du 737 MAX 7 et du 737 MAX 10, version respectivement la plus petite et la plus grande de la famille du 737 MAX, son avion le plus vendu. Le premier, présenté en mars 2018, devait entrer en exploitation en 2019 et le second, dévoilé en juin 2021, devait être livré à partir de 2023.

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La production du 737, plafonnée fin février 2024 par la FAA à 38 par mois, reste loin de ce seuil du fait des problèmes de qualité. « Le rythme de production du 737 est d’une importance cruciale pour la reprise du groupe », a commenté M. Ortberg sur CNBC, précisant être « un peu en avance » sur ses prévisions et espérer un déplafonnement « au second semestre ».

Ensuite, la cadence devrait grimper de cinq exemplaires supplémentaires tous les six mois, a-t-il ajouté, soulignant qu’entre 35 et 40 exemplaires devraient être livrés en janvier grâce, surtout, aux stocks.

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Le Monde avec AFP

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