Pascal Cervo et Paul Vecchiali dans « Bonjour la langue », de Paul Vecchiali.

L’AVIS DU « MONDE  » – À NE PAS MANQUER

Souvent, le dernier film d’un grand cinéaste constitue un objet de choix pour la cinéphilie. Loin de manifester une décadence, c’est là, au contraire, que se dépose son geste le plus radical, dépouillé de tout. Bonjour la langue, le dernier film de Paul Vecchiali, achevé quelques jours avant sa mort, le 18 janvier 2023, à l’âge de 92 ans, est précisément de ces ultimes coups de dés. C’est à la fois une expérience sur la corde raide, tournée en une seule journée (le 4 octobre 2022), ainsi qu’un mélodrame pur jus, cette science de l’émotion dont le cinéaste fut un praticien acharné. Il y cite ouvertement Frontière chinoise (1966), autre dernier film, de John Ford, le roi du western, qui se terminait sur ces mots restés célèbres : « So long, you bastard ! » (« Au revoir, salopard ! »). Le dernier film est toujours de l’ordre du défi.

Bonjour la langue s’annonce dès l’ouverture comme un impromptu, l’un de ces films improvisés avec un comédien complice, comme auparavant Trous de mémoire (1984), avec Françoise Lebrun. Ici, c’est avec Pascal Cervo, autre fidèle, que Paul Vecchiali partage l’écran, reconduisant un dispositif de tête-à-tête minimal. Jean-Luc, musicien, débarque à l’improviste chez son vieux père, Charles, dans la maison d’enfance, après six années de silence. La conversation s’engage, d’abord difficile, hérissée de rancœurs mutuelles. Mais quelque chose tient. Les retrouvailles se jouent en trois actes : dans la cour, au restaurant, puis au parc. Au fil de la journée, le roman familial se reconstitue par fragments autour du secret des origines.

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