• Des milliers d’oiseaux ont été fauchés ces derniers jours par l’épizootie de botulisme qui touche plusieurs zones humides de Loire-Atlantique.
  • Si quelques cas de cette maladie ne sont pas « inhabituels » dans cette région en été, une telle mortalité n’avait pas été observée depuis 30 ans.
  • Comment se contracte-t-elle ? Qu’est-ce qui la distingue du botulisme humain ? On fait le point.

En Loire-Atlantique, une hécatombe frappe les oiseaux des marais. Jeudi 24 juillet, plus de 3.000 cadavres d’oiseaux victimes du botulisme aviaire ont été rassemblés, notamment dans le marais de Brière et sur le lac de Grand-Lieu, au sud-ouest de Nantes, selon la préfecture du département. Au total, quelque 600 cadavres, dont beaucoup de canards colverts, ont de nouveau été ramassés samedi dans le marais de Brière.

Si quelques cas de botulisme aviaire ne sont pas « inhabituels » en été en Loire-Atlantique, une telle mortalité n’avait pas été observée depuis 1995, précise Eric Provost, président du parc régional de Brière, qui compte quelque 25.000 hectares de zones humides. En cause notamment une vague de chaleur et de sécheresse « durable » au début de l’été, explique-t-il.

De quoi parle-t-on ?

Le botulisme est une maladie neuroparalytique humaine et animale qui se manifeste par une paralysie flasque, explique l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Elle est due à l’action de la toxine botulique produite par les bactéries du genre Clostridium, en particulier Clostridium botulinum. Alors que les botulismes humain et animal partagent des caractéristiques communes, telles que cette paralysie flasque liée à l’action de la neurotoxine, l’incidence et le mode de contamination diffèrent dans les deux cas.

Ainsi, parmi les types de toxines botuliques décrites à ce jour, celles impliquées dans les cas humains en France sont majoritairement les types B et A et dans une moindre mesure les types F et E, poursuit l’Anses, tandis que le type C/D est le type toxinique le plus fréquemment associé aux épisodes de botulisme aviaire.

Si le botulisme est une maladie très rare chez l’homme, avec 0,5 cas par million d’habitants par an en France, l’incidence est en revanche d’environ 25 foyers par an toutes espèces confondues en matière de botulisme aviaire. Considéré comme « la maladie la plus importante en termes de mortalité pour les oiseaux d’eau à l’échelle mondiale », le botulisme aviaire peut engendrer la perte de dizaines de milliers d’individus au cours d’un épisode, toujours selon l’Anses.

Comment a lieu la contamination chez les animaux ?

Cette maladie est provoquée par une bactérie, Clostridium botulinum, présente naturellement dans ces zones humides et qui se développe par fortes chaleurs dans des eaux stagnantes. Or, les asticots qui se développent sur les carcasses d’oiseaux tués par le botulisme sont porteurs de la bactérie et ont de fortes chances de contaminer à leur tour les oiseaux qui les mangeront.

Un effet saison est ainsi observé pour les épisodes de botulisme aviaire avec une incidence significativement plus élevée au cours du troisième trimestre (au cours de la période allant de juillet à octobre).

Quels symptômes ?

Le botulisme se traduit chez les volatiles par une atteinte nerveuse menant à une paralysie flasque ascendante qui progresse depuis les pattes vers les paupières et est souvent associée à une détresse respiratoire. Parmi les signes caractéristiques figurent « une réticence à se déplacer », « une paralysie flasque du cou avec une incapacité à relever la tête » ou encore « des ailes écartées et pendantes », énumère l’Anses.

Chez les oiseaux sauvages, la noyade est en conséquence fréquente de la paralysie du cou des animaux et de leur incapacité à relever la tête. 

Quel risque pour l’Homme ?

Le botulisme aviaire ne présente aucun risque pour l’Homme, à moins d’ingérer des oiseaux morts. À noter que, dans de rares cas, le botulisme peut survenir suite à une plaie dans laquelle des spores s’introduisent, d’où les mesures de précautions prises par les chasseurs et professionnels qui portent tout de même des gants pour récupérer les cadavres.

« Lors de mortalité massive, on ne peut exclure a priori la possibilité d’un botulisme humain par blessure lors de la manipulation des produits contaminés (cadavres, litières, fumiers, etc.). Ce genre de botulisme ne pourrait survenir qu’en cas de blessure profonde avec nécrose, permettant une abondante multiplication de Clostridium botulinum et une production suffisante de neurotoxine », peut-on lire dans un bulletin épidémiologique datant de 2003.

Audrey LE GUELLEC avec AFP

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