Critique du fondamentalisme religieux, l’écrivain franco-algérien a été arrêté le 16 novembre à l’aéroport d’Alger.
Alors qu’il pourrait être présenté ce dimanche à un juge, plusieurs écrivains de renom appellent à sa libération.
Cette affaire intervient dans un moment de tensions diplomatiques entre Paris et Alger.
Les soutiens à Boualem Sansal se multiplient. Alors que l’arrestation de l’écrivain franco-algérien a été confirmée vendredi par l’agence gouvernementale APS, au lendemain de l’annonce de sa disparition par Le Point, plusieurs de ses confrères signent une tribune publiée ce samedi par l’hebdomadaire à l’initiative de son compatriote, le Goncourt 2024 Kamel Daoud .
« Exigeons la libération immédiate de Boualem Sansal et de tous les écrivains emprisonnés pour leurs idées« , écrivent une trentaines de signataires parmi lesquels Salman Rushdie, Leïla Slimani, Jean-Christophe Ruffin, Philippe Claudel, Roberto Saviano ou encore les Prix Nobel de littérature Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka.
Poursuivi pour des propos dans la presse ?
Boualem Sansal, 75 ans, aurait été arrêté le 16 novembre dernier à l’aéroport d’Alger, en provenance de France. Depuis Le Serment des Barbares publié en France chez Gallimard en 1999, ce professeur, chef d’entreprise et haut fonctionnaire dénonce dans ses écrits le fondamentalisme religieux et l’autoritarisme dans son pays de naissance.
D’après nos confrères du Figaro , il pourrait être présenté ce dimanche à un juge et être poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal. Lequel qualifie de « terroriste ou subversif » tout acte portant atteinte « à la sûreté de l’État, à l’intégrité du territoire, à la stabilité ou au fonctionnement normal des institutions« .
Des soutiens politiques de tous bords
Selon Le Monde , les autorités algériennes pourraient avoir très mal pris ses déclarations récentes au média français Frontières, réputé d’extrême droite, qui reprendraient la position marocaine selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l’Algérie. D’après le quotidien, il s’agirait d’une « ligne rouge » pour Alger.
Révélée par Le Point, la « disparition » de Boualem Sansal a suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique française. Jeudi soir, l’entourage du président de la République le disait « très préoccupé« , précisant que « les services de l’État étaient mobilisés pour clarifier sa situation« . Des personnalités de tous bords comme Edouard Philippe, Marine Le Pen, Laurent Wauquiez ou encore Olivier Faure ont également réagi.
Cette affaire intervient dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, après l’appui de Paris au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental fin juillet. Contrôlée de facto en majeure partie par le Maroc, cette ancienne colonie espagnole est revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui réclament un référendum d’autodétermination et sont soutenus par Alger.