Boualem Sansal, à Paris, le 4 septembre 2015.

Emprisonné depuis plus de sept mois, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal espérait, comme des proches, dont ses deux filles, une grâce à l’occasion du 63ᵉ anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, samedi 5 juillet. Mais dans un communiqué, la présidence algérienne a annoncé, vendredi 4, une grâce pour plusieurs milliers de personnes, précisant que seraient exclues de cette mesure les personnes « définitivement condamnées » pour toute une série d’infractions, dont l’atteinte à l’unité territoriale. Or M. Sansal, 80 ans, a été reconnu coupable d’atteinte à l’unité nationale et condamné à cinq ans de prison, un verdict confirmé mardi en appel.

La présidente du tribunal lui a signifié qu’il avait huit jours pour former un pourvoi en cassation. Interrogé par l’Agence France-Presse, le nouvel avocat français de l’écrivain, Pierre Cornut-Gentille, avait dit à l’issue de l’audience qu’il allait discuter avec son client de cette éventualité. François Bayrou avait lui aussi dit espérer « des mesures de grâce » présidentielle, en qualifiant sa situation d’« insupportable ».

M. Sansal, atteint d’un cancer de la prostate selon ses proches, avait été condamné en mars en première instance pour avoir déclaré en octobre dernier au média français d’extrême droite Frontières que l’Algérie avait hérité, sous la colonisation française, de territoires appartenant jusque-là au Maroc, particulièrement les villes d’Oran et Mascara, situées dans l’Ouest algérien.

Boualem Sansal fait l’objet d’une âpre lutte diplomatique entre l’Algérie et la France depuis son arrestation à son arrivée à Alger le 16 novembre dernier. Cette affaire a envenimé une brouille entre Paris et Alger, née en juillet 2024 de la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis cinquante ans le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. La crise a été marquée par des expulsions de diplomates de part et d’autre et un gel de toutes les coopérations.

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Le sort de Boualem Sansal suspendu à une grâce présidentielle, après la condamnation de l’écrivain en appel en Algérie

Le Monde avec AFP

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